Londres, XIXème siècle. Depuis la fin de l’Age Sombre, les êtres surnaturels n’ont plus besoin de se cacher. Il est admis dans la bonne société qu’un loup-garou ou un vampire est tout à fait digne d’une invitation à une soirée. Les fantômes sont un peu moins en vue, ils sont tellement immatériels.
A côté des êtres surnaturels, et du commun des mortels naturels, une dernière catégorie existe, mais son existence est plus secrète : les paranaturels. Leur particularité est de ne pas avoir d’âme du tout, et d’annuler temporairement, par simple contact, les pouvoirs des surnaturels.
Miss Alexia Tarabotti est l’un de ces êtres fabuleux. Malheureusement, ce que les gens remarquent avant tout chez elle, ce sont des particularités un rien moins charmantes. Miss Tarabotti est une vieille fille de vingt-six ans, elle est à moitié italienne, sa peau est trop mate pour une dame de bonne éducation, son nez est un rien trop voyant, son appétit lui donne des formes généreuses, sa langue est aussi vive que son esprit, et surtout elle a un défaut majeur pour une jeune dame britannique : elle lit de vrais livres de science et non pas uniquement les pages mondaines du Morning Post.
Comme si tout cela ne suffisait pas, Miss Tarabotti tue accidentellement un vampire anonyme, échappe à deux tentatives d’enlèvement et se retrouve au centre des attentions de tous les êtres surnaturels de Londres. Pour couronner le tout, Mord Maccon, à la fois loup-garou, mâle Alpha de sa meute, et Ecossais, est chargé de l’enquête. Ce qui ne peut qu’irriter Alexia, cet homme est tellement énervant dans sa beauté inhumaine…

Une histoire de vampires, de loups-garous, de meurtres et de société secrète. Encore une ? Oui, mais surtout non. Toute l’originalité tient dans l’univers en général, et l’héroïne en particulier. Dans le monde de Gail Carriger l’important n’est pas ce que l’on est, mais comment on se comporte. Sucer le sang ou dévorer de la viande crue n’est pas un crime. Porter la mauvaise cravate, ne pas assortir son gilet avec ses gants, ou (comble de l’horreur) ne pas être invité à la soirée de la duchesse, sont là les vrais crimes.
Alexia Tarabotti est à la fois complètement intégrée à ce système de pensées, toujours très attentive à sa tenue, à sa coiffure, à la couleur de ses rubans, et plus loin qu’aucune autre femme de la bonne société n’oserait en rêver. Elle sort seule la nuit pour rencontrer la reine des vampires locaux, elle lit, elle a un avis et le partage, elle se promène avec une ombrelle qui tient plus de l’arme que de l’accessoire de mode.
Le style qui en découle est forcément drôle, toujours décalé. Les pensées d’Alexia sont la plupart du temps des perles d’humour. Les personnages secondaires, tel le majordome Floote, participent activement à cette ambiance, même quand ils n’apparaissent que brièvement.
L’intrigue n’est pas un modèle de complexité, elle sert surtout d’excuse à l’interaction des personnages.
Les quelques scènes de rapprochement très « corps à corps » d’Alexia peuvent surprendre, elles restent néanmoins des moments hautement comiques.

Une approche original du style loups-garous/vampires, une ambiance réussie, des personnages touchants et attachants.