1957. Un sous-marin russe engagé dans une mystérieuse chasse aux trésors termine brutalement sa carrière au fond des eaux. 2029 et une troisième guerre du Golfe plus tard, les USA inaugurent une nouvelle classe de sous-marin avec le USS Nebraska. Plus de deux cents mètres de long, une autonomie illimitée et une profondeur de plongé pouvant atteindre 1200m. C’est d’ailleurs à cette profondeur que le sous-marin détecte, au cours de sa première sortie, un signal de détresse. Il est pourtant le seul submersible capable d’atteindre cette profondeur…

Sanctuaire Redux (anciennement Sanctuaire Reminded) est, comme son nom l’indique, une nouvelle version de la trilogie Sanctuaire de Xavier Dorison et Christophe Bec. Et quelle trilogie ! Trois volumes d’une rare densité où l’ambiance est aussi oppressante que la mer qui sert de cadre à l’histoire. Lorsque les Humanos lancent ce remake dans la revue Shogun, la mode chez l’éditeur est à la manga-ïsation de leur catalogue. Mais que pouvez donc donner une oeuvre qui repose sur sa narration ultra-compressée une fois transposée dans un genre dont les codes narratifs repose exactement sur le contraire ?

Un premier tome plus tard et la question s’est envolée. D’abord, parce que les Humanos ont changé de politique éditoriale entre temps, retirant le label manga de plusieurs de leurs publications, dont ce Sanctuaire Redux qui passe même en couleurs pour cette nouvelle version en album (il a déjà été en parti publié en album noir et blanc).

Ensuite, parce que même si l’histoire prend effectivement son temps, elle conserve une sensibilité européenne loin des codes narratifs de la BD asiatique. Tout au plus en reste-t-il un personnage d’adulte-ado cynique, le moins réussi d’un casting revu à la hausse avec de nouveaux personnages dont deux féminins. Ce premier tome prend le temps de largement développer leur histoire respective, toutes évidement liées à des personnalités et des destins hors normes. Contre toute attente, ces développements se révèlent d’ailleurs un choix judicieux : tous ces égos se retrouvent entassés, compressés dans un sous-marin, retrouvant ainsi toute la pression de l’oeuvre originale.

Si le scénariste a déjà travaillé avec Bec sur Bunker et Deus, le dessinateur est lui un inconnu chez nous… qui ne devrait pas le rester longtemps. La simplicité de son graphisme peut paraitre rebutante au premier abord, en particulier au regard de la sophistication du trait de Christophe Bec. Mais la lisibilité du dessin de la case et la fluidité de la narration permet de compresser la lecture malgré la richesse du scénario.

A ce stade, Sanctuaire Redux est plus qu’une bonne surprise… et pour une fois la pub ne mentait pas : elle devrait intéresser aussi bien les nouveaux lecteurs que ceux qui connaissent déjà la série!