Le saviez-vous ? Saint Nicolas, au XVème siècle, n’avait rien d’un gentil vieillard qui apporte des cadeaux aux enfants. C’était un évêque déchu, une crapule à la tête d’une bande de voleurs et d’assassins qui s’en prenaient à tous ceux qui croisaient leur chemin. Un jour, des villageois excédés parvinrent à se débarrasser des ignobles individus, et Saint Nicolas et ses hommes périrent dans l’incendie de leur bateau. Depuis, à chaque pleine lune tombant un 5 décembre, jour anniversaire de leur mort, Nicolas et ses compagnons reviennent de l’au-delà pour assouvir leur désir de vengeance dans l’horreur et dans le sang…

Saint est signé du Hollandais Dick Maas, cinéaste auteur, dans les années 1980, des célèbres L’Ascenseur et Amsterdamned, fleurons de l’horreur batave qui firent des cartons en salles. Depuis, Maas s’est fait plutôt discret, si l’on excepte Down (L’Ascenseur, niveau 2), sorti en 2001, son propre remake de De Lift avec Naomi Watts. Le bonhomme revient ici avec un projet qu’il a mûri de longue date, ayant eu l’idée d’un « Sinterklaas » d’outre-tombe il y a une dizaine d’années.

L’argument d’un Saint Nicolas tueur peut paraître mince, mais le film a eu un impact considérable dans son pays d’origine, où le culte du célèbre saint est ancré dans les traditions. Le personnage est vénéré, notamment des enfants, d’où une levée de boucliers, en novembre 2010, lorsque les affiches du film (montrant un Saint Nicolas mort-vivant au visage mutilé) ont commencé d’orner les murs des Pays-Bas. Certains voulurent la faire interdire, craignant un traumatisme chez les petites têtes blondes. Cela ne fut pas le cas, les mioches étant beaucoup moins tatillons que les grandes personnes. L’affaire fit surtout parler du film, qui ne méritait peut-être pas tant de publicité…

Avec son cadre en Scope et ses effets spéciaux (du gore en veux-tu, en voilà et des trucages infographiques convaincants), Saint ne manque pourtant pas d’allure, il concurrence sans mal les productions américaines équivalentes, qui sont innombrables. Comme il l’avoue dans les suppléments, Dick Maas n’a pas souhaité tourner un film trop sérieux, et il s’est essayé au mélange horreur/comédie, très en vogue actuellement. Il en résulte un film distrayant, mais très peu ambitieux en termes d’écriture. Le récit ne ménage aucun suspense, on repère très vite qui vivra, qui mourra, et les personnages ont tellement peu d’épaisseur qu’on se fiche de leur sort.

Quelques idées de mise en scène assez poilantes, heureusement, relèvent la sauce, telle une séquence de course-poursuite, longuement abordée dans le making of proposé en bonus, où Saint Nicolas, à cheval, galope sur les toits d’Amsterdam la police à ses trousses. La capitale hollandaise est presque aussi photogénique que dans Amsterdamned, et quelques vues portuaires nocturnes ravivent le souvenir de Fog de John Carpenter. Autre passage notable : l’attaque d’un orphelinat dont les petits pensionnaires finiront mal. La séquence justifie presque à elle seule la réputation iconoclaste du film, non parce qu’elle malmène une icône religieuse, mais parce que le cinéaste, via sa créature, s’en prend sans sourciller à des enfants, un véritable tabou outre-Atlantique dans une production de ce calibre, non réservée à un public adulte. Sur ce point, le cinéma de genre de la vieille Europe bat à plate couture les velléités horrifiques du cinéma américain.

Dvd et blu-ray seront disponibles à la vente dès le 15 novembre.