Rouge est un Monstre. Une de ces créatures fabuleuses qui vivent au royaume des Dells, à la beauté si foudroyante qu’elle subjugue chaque être qu’elle approche, suscitant désir et haine mêlés. Une beauté telle qu’elle lui permettrait de s’emparer de l’esprit de tous ceux qu’elle pourrait souhaiter manipuler.

Mais Rouge est le dernier Monstre humain, et elle est aussi une jeune fille. Elle ne veut pas de ces pouvoirs qui pourraient faire d’elle une personnalité toute puissante du royaume, comme l’était son père, le malfaisant Cansrel. Rouge vit à l’écart du monde et des luttes qui déchirent les provinces. Alors qu’une guerre se profile, le roi lui demande son aide. Pour sauver le royaume Rouge devra prendre position, affronter les responsabilités inhérentes à ses immenses pouvoirs, et trouver sa place au milieu de ceux qu’elle aime.

Le prologue est très intrigant, même si l’étrange créature que l’on y découvre est ensuite quelque peu sacrifié puisqu’il ne sert finalement qu’à être comparé à l’héroïne, mettant en avant leurs similitudes et aussi les différences de choix et de comportement qui feront de Rouge, indéniablement, un être humain à part entière.

La lecture est agréable, fluide, les différents personnages sont plutôt bien dessinés, et nombreux. C’est par les interactions avec tous ces personnages que se dessine une Rouge aux multiples facettes, un joli personnage de jeune femme en devenir. Elle est à la fois très active sexuellement, à l’aise avec son désir mais dans le même temps terrifiée par le désir qu’elle peut susciter. Elle se sent seule et différente, description qui pourrait convenir à presque tous les adolescents. Rouge n’est pas une oie blanche, et la guerre dans laquelle elle est impliquée n’est pas une guerre de contes de fées: les blessures de ceux qu’elle aidera à soigner en attestent, témoignages d’une violence inattendue.

Enfin, petit bémol, les 50 dernières pages sont un peu expédiées, les différents personnages étant arrivés à destination quant à leur évolution personnelle et dans leurs relations. Il faut malgré tout finir la guerre qui leur a fourni les péripéties et mésaventures nécessaires à cette évolution, alors on termine cette guerre au pas de charge et ça n’est pas très réussi.

Pour résumer « Rouge » est un roman divertissant, bien mené, on ne s’ennuie jamais et même si on sait très rapidement tout ce qui va arriver, on le suit avec grand plaisir. Je me demande simplement si l’étiquette « littérature jeunesse » n’émousserait pas mon exigence de lectrice.