Dans un futur lointain, une course de bagnoles mortelle et illégale, la « Redline », où tous les coups sont permis, rassemble les fous du volant les plus casse-cou de la galaxie…

Il s’agit du premier long métrage en tant que réalisateur de Takeshi Koike, qui fit ses premières armes de lead animator en 1987 en contribuant au célèbre La Cité interdite de Yoshiaki Kawajiri. Depuis, ce solide artisan de la japanime s’est fait une belle carte de visite en figurant également au générique de titres aussi connus que Ninja Scroll (toujours de Kawajiri) ou Vampire Hunter D: Bloodlust.

Redline joue la carte du spectacle total via une réalisation proprement hallucinante. Si Michael Bay était né japonais et avait œuvré dans l’animation, il aurait pu signer un film comme celui-ci, où la mise en scène des séquences de course est le prétexte à des extrémités graphiques dignes d’un trip sous LSD. Si vous êtes fan de sport automobile, dites-vous que le plus serré et accroché des Grands Prix de F1 prend des allures de divertissement pour maison de retraite comparé à ce qui se passe chez Takeshi Koike. Lancés à plus de 300 à l’heure, de conceptions toutes différentes, les bolides bafouent à chaque hectomètre les lois de la résistance mécanique.

Le film s’ouvre avec une première épreuve, la « Yellow Line », dont le vainqueur sort qualifié pour la Red. C’est l’occasion de faire connaissance avec les héros de l’aventure, la belle Sonoshee McLaren, amoureuse des volants depuis l’enfance, et « Gentil JP », outsider jadis accusé de trucage de course. Les autres concurrents constituent pour la plupart une galerie de portraits d’extraterrestres hauts en couleurs. Gros, minces, petits, verts, jaunes, bleus, mais tous outrageusement grimaçants sous les effets conjugués de l’adrénaline et de la vitesse, au plus fort de la compète. Les dix minutes de course de la « Yellow Line » suffisent à mettre le spectateur à genoux (on ne regrette qu’une chose, ne pas découvrir ça sur grand écran), au point qu’on en vienne à se demander à quoi va bien pouvoir ressembler la fameuse Red, point d’orgue du film. L’épreuve des champions aura lieu sur la planète Roboworld, gouvernée par une dictature qui voit d’un très mauvais œil l’arrivée des chauffards sur son sol. D’où un défilé de forces militaires et le recours à des armes de destruction massive (!) pour empêcher les coureurs d’atteindre la ligne d’arrivée…

Passé 1h40 de matraquage visuel (agrémenté, au passage, d’un érotisme assez pompier porté sur les grosses poitrines !), on déplore tout de même que ce déploiement d’énergie et d’invention graphique n’ait pas profité à une intrigue un peu plus intéressante. La matière narrative est pauvre, inversement proportionnelle à l’impact du show sur nos yeux et nos oreilles. N’empêche : Redline frappe suffisamment les sens pour qu’on veuille suivre d’un œil gourmand et curieux les prochains travaux de Monsieur Koike.

Dvd et blu-ray sont disponibles depuis le 19 octobre (Kaze).