Un des plus grands illustrateurs américains est sans nul doute Berni Wrightson. Et beaucoup de personnes vous le diront, sa plus grande œuvre est sans conteste sa participation en tant qu’illustrateur à la réalisation d’une édition grand luxe de l’œuvre maîtresse de Mary Shelley: Frankenstein.
Né en 1948, le petit Berni ne mettra pas beaucoup de temps à se décider à faire du dessin son métier quand il sera plus grand. Il s’inscrira dans une école de dessin tenue par deux célèbres illustrateurs de pub de l’époque et à 18 ans, il sera immédiatement engagé par le Baltimore Sun comme illustrateur. Il y apprendra à maîtriser diverses techniques.
En 1967, il rencontre un homme qui influencera beaucoup son travail : Frank Frazetta. Cinq ans plus tard, il est engagé chez D.C. Comics et s’accroche alors à son rêve de jeunesse, devenir dessinateur de BD. Mais déjà il fait preuve d’une qualité qui aux États-Unis semble être une faiblesse : c’est un perfectionniste ! Voulant que chacun de ses dessins soit véritablement achevé, il passe un temps dingue dessus. Le résultat est grandiose mais les éditeurs s’impatientent, rendement oblige. Berni Wrightson a donc du mal à percer, malgré le fait d’un talent indéniable. Avec Len Wein au scénario, il finira par décrocher le Jackpot avec Swamp Thing, une série racontant l’histoire d’un homme transformé en créature verdâtre, tenant plus au végétal qu’à l’humain qui affrontera divers démons au cours de ses aventures. Mais Berni Wrightson ne se satisfait pas encore de ce succès, il cherche à pouvoir enfin passer beaucoup de temps sur ses œuvres. La chance lui sourit à nouveau lorsqu’il est engagé par Warren, éditeur de magazines noir et blanc. Le grand format des pages de magazines et le temps accordé pour réaliser les illustrations vont donner l’occasion à Berni de faire exploser ses talents. Le summum sera atteint par une œuvre gigantesque : Frankenstein de Mary Shelley. S’inspirant des illustrateurs du 19ème siècle (Benett, Doré, etc.), Berni Wrightson va travailler les détails de ses dessins jusqu’à étouffer la moindre parcelle de virginité de la feuille et en même temps libérer tout le malaise et la folie de l’œuvre de Shelley. Il réussit par ce coup de maître à coller incroyablement bien au récit du Prométhée moderne. Chaque dessin rend parfaitement l’idée de torture, de cri de la créature ou de la folie du créateur. Une œuvre magistrale où chaque illustration nous empêche de reprendre notre souffle pendant un bon moment
Berni Wrightson illustrera d’autres livres grandioses mais jamais aucune autre œuvre ne dépassera celle de cette version du Frankenstein. Cette œuvre qui plaça définitivement l’illustrateur aux côtés de son ami et maître, Frank Frazetta.
Pour ceux qui désireraient s’enrichir de quelques œuvres de Berni Wrightson, voici une petite liste d’ouvrages parus en français :
– Edgar Poe (Neptune, 1981)
– Swamp Thing (Arédit, 1982)
– Frankenstein (Albin Michel, 1984)
– La Foire aux Monstres (Albin Michel, 1984)
– L’année du Loup-garou (Albin Michel, 1986)