Nous vous invitons cette semaine à la dernière étape de notre périple chez Play Factory ! Fin 2008, l’éditeur a en effet ajouté une corde à son arc en ouvrant une boutique à son nom à Paris. Cédric et Tatiana ont accepté de nous éclairer sur ce choix, avant que Khimaira ne se rende sur les lieux pour découvrir la boutique.

Khimaira : Vous allez bientôt ajouter une nouvelle activité à votre panel avec l’ouverture d’une boutique Play Factory ! [NDR – Propos recueillis avant l’ouverture de la boutique]

Tatiana : Elle va s’ouvrir avant la fin de l’année et reprendra toujours le même principe, un fonctionnement par univers. Elle sera relookée avec un vrai espace de jeu pour accueillir un public qui n’est pas forcement joueur au départ, pour ne pas faire venir que le joueur de jeux de cartes pour les tournois…

Cédric : C’est vraiment l’idée, qu’il y ait une véritable communauté qui se mette en place dans la boutique entre les joueurs des différents univers. Nous sommes d’organiser des soirées, qui déborderont peut être un peu sur la nuit, de réfléchir pour connecter la boutique avec des associations.

Tatiana : L’essentiel c’est de ne surtout pas perdre la connexion avec les joueurs. Ne pas vendre des produits pour vendre des produits !

Cédric : La boutique est aussi dans cette notion de laboratoire d’idées; il s’agit de tester des formes d’animation, de démarches marketing, d’aide à la vente, de faire des expériences de types de vente pour essayer de trouver des manières de faire venir les joueurs. Et pourquoi après diffuser des conseils à d’autres boutiques. De faire de l’expérimentation autour de comment faire vivre une communauté ludique et un marché ludique.

Khimaira : Vous n’avez pas eu de concertation avec les autres magasins de jeux à proximité [NDR: la boutique Play Factory se situe prêt du « triangle d’or » parisien constitué du Jeux Descartes Ecoles, de Starplayer et de l’Oeuf Cube] ?

Tatiana : Là j’avoue que je ne sais pas… Mais avoir plusieurs d’acteurs qui font vivre le milieu, ce n’est jamais mal perçu. Nous avons besoin de lieux où les gens viennent, de lieux où l’on initie de nouveaux joueurs qui font vivre le marché.

Khimaira : Est-ce qu’il est envisagé d’ouvrir d’autres boutiques?

Tatiana : Nous allons déjà ouvrir celle là, nous verrons bien comment ça se passe.

Début Janvier 2009, Khimaira se rend à la boutique en question qui ouvert ses portes à proximité du Panthéon, dans le 5e arrondissement de la capitale. Le gérant de la boutique, Arnaud, nous accueille.

Arnaud : Comme tu peux le voir, nous avons pour vocation de travailler par univers ; je vais te faire visiter.

Nous découvrons la boutique. A l’étage, elle comprend plusieurs salles organisées par typologie de produits (les figurines, les cartes à jouer, le jeu de rôle…) Un espace conséquent est consacré à Star Wars et comprend aussi bien de la figurine à collectionner que du lego. La décoration est très travaillée dans un style sous-marin steam-punk. Après avoir fait le tour de l’étage, nous descendant par une petit escalier au sous-sol où se trouve un espace de jeu conséquent.

A propos du décor

Arnaud : Tu peux voir que nous avons travaillé le décor ! Nous avons fait le magasin dont nous rêvions, pas un magasin juste pour mettre des étagères et des produits dessus. Un magasin dans lequel il y a une ambiance. Avec Igor Polouchine [Le directeur artistique de Play Factory, NDR] nous avons travaillé tous les deux sur l’ambiance que l’on voulait y mettre. C’est un fan de Jules Verne ; tu as du voir l’ambiance Notilus tout de suite ! Le maitre mot de la boutique c’est vraiment de sortir des sentiers battus. Les tables sont bien travaillées comme tu le vois, on a poussé les détails très loin. Nous avons acheté des vraies lampes de bateau sur des navires roumains. Avec les alcôves tu as vraiment l’impression d’être dans un sous marin.

A propos de l’espace d’animation

La musique que tu as entendue au rez-de-chaussée peut être entendue ici aussi, il y a des baffes. Ca nous permet de faire des annonces pour les tournois. De même que toutes les animations sont filmées pour être balancées sur grand écran.

Au total, il y a une centaine de places assises, en comptant rez-de-chaussée et sous-sol, ce qui nous permet d’accueillir aussi bien des parties de Warhammer en figurines que des parties de jeux de cartes ou de D&D, tous les mercredis depuis notre ouverture le 3 décembre.
Les parties de D&D ont démarré avec 10 joueurs, depuis nous sommes toujours à 20, nous sommes même montés à 24 une fois. A part dans les conventions c’est du rarement vu ! Tous les mercredi soir, 20 à 24 joueurs, ca fait 3 à 4 parties, qui comprennent de l’initiation. Les vétérans qui ont préparé un scénario intègrent toujours des débutants. C’est le message que l’on a fait passer auprès des gens qui viennent jouer, ils sont obligés de les intégrer à leur groupe de jeu, de les aider, de leur expliquer le fonctionnement de la 4e édition. Et en général ils reviennent ! Nous pensons avoir des problèmes de places d’ici un mois, un mois et demi. Nous pouvons avoir une partie par espace, pas plus [NDR : Le sous-sol est lui-même découpé en salles].

Enfin tu remarqueras qu’ici il n’y a pas de produit : c’est un espace d’animation. Nous avons décidé de sacrifier cet espace pour valoriser ce qu’il y a en haut par l’activité que l’on fait en bas; en général les gens qui font une soirée donj’ vont remonter après en connaissant le produit. Les bouquins ne sont pas juste exposés sur une étagère : nous pouvons vraiment en parler comme ça, nous connaissons les nouveautés.

A propos des animations

Le mercredi soir est consacré à D&D, le jeudi aux figurines, et le vendredi à la carte. Il y a aussi des animations les samedis après midi, comme des tournois Yu Gi Oh qui comptent pour les qualifications pour les championnats du monde. Un samedi par mois est aussi consacré au jdr avec D&D. Il y a aussi du Magic, avec un tournoi à chaque sortie. Tout comme une sortie Dde &D peut donner lieu à un samedi thématique – la prochaine sera lié aux Dragons, avec la sortie du Draconomicon.

Il y a des tournois officiels, mais pour qu’ils soient officialisés il faut qu’il y ait assez de joueurs. Pour l’instant c’est Donj’ qui marche le mieux ; le premier tournoi officiel a eu lieu samedi dernier [l’interview a lieu le 30/01, NDR] avec 14 joueurs.

A propos de l’offre de produits

Oui, nous avons prévu que ce soit ouvert à d’autres jdr que D&D. Je suis en discussion avec Black Book edition pour avoir du Shadowrun, du Midnight ou encore du Pathfinder. Nous fonctionnons par univers, en en mettant un en avant. En ce moment c’est Star Wars, en raison de la diffusion du dessin animé tous les mardis soir sur W9. Nous mettons D&D en avant car c’est Play Factory, mais nous pourrons aussi très bien mettre en avant Shadowrun, Midnight, etc.

Mais simplement mettre en rayon, ca m’embête. La plus value du magasin ce n’est pas de faire ce qui se fait déjà ailleurs mais de mettre en rayon des produits que l’on sait démontrer, expliquer. Si je veux mettre du Shadowrun, il faut que l’on se mette à Shadowrun, ce qui prend du temps, et pas du temps de loisir mais bien du temps de travail : chacun de nous doit se plonger dans le livre de base, se monter un personnage, et que l’un d’entre nous assure une maitrise – et pourquoi pas que Black Book passe nous montrer.

Je ne veux donc pas que nous soyons un magasin de plus. Je me vois plutôt comme un intermédiaire entre un Games Workshop et un Jeux Descartes que comme un magasin pur qui ne fait que remplir des étagères.

Nous remontons de l’espace d’animation vers l’espace figurines, essentiellement occupé par du Games Workshop

Il y a beaucoup de Games oui, mais quand il y en un qui vend une figurine, Games Workshop en vend 100… Et puis en 2008 et 2009, on a vu le développement de licences comme Warhammer Online, Bloodbowl…

Nous repassons dans la pièce principale qui comprend tout une partie consacrée à Star Wars, y compris des légos

Généralement les légo Star Wars ne laissent pas indifférent, les papas s’extasie devant (« c’est drôlement bien ce qu’ils font maintenant, je me rappelle de mon temps… »), et repartent généralement avec une petite boite. Quand vous êtes figurinistes et que vous avez des enfants, c’est souvent « toi tu repars avec TES figurines et moi avec les MIENNES » ! Et comme par hasard, nous allons rentrer une gamme Lego avec des trolls, des morts-vivants…

Le but ce n’est pas de faire un magasin trop spécialisé, mais un magasin où les 7 à 77 ans vont avoir leur place. Evidement, quand tu vends du WoW miniature, du Monster Apocalypse, ou du D&D, ce n’est pas grand public. C’est surtout que l’on ne veut pas d’un lieu qui soit un dépotoir à jeux où l’on ne sait pas de quoi on parle. Je veux connaitre tous les jeux ici, sinon cela ne sert à rien.

A propos des licences globales et de l’organisation par univers

C’est une histoire de cohérence d’univers. World of Warcraft, c’est maintenant un jeu vidéo, un jeu de cartes, un jeu de figurines, des jeux de plateau à foison et même un jeu de rôle, qui n’est pas encore traduit en français mais à mon avis qui le sera un jour… A l’inverse, Warhammer est d’abord un jeu de figurines qui est devenu un jeu vidéo, mais tu peux voir qu’ici nous avons les deux.

C’est pareil pour le légo Star Wars, tout le monde sait ce que c’est, et cela s’inscrit dans un univers. Généralement quand une personne aime Star Wars, il s’intéresse autant au DVD, aux figurines, au sabre laser, et de temps en temps faire il fera même un lego. Il y avait même un jeu de cartes mais hélas il n’a pas marché. De la même manière, Magic va être développé en jeu vidéo l’année prochaine. Vous aurez ainsi non seulement le jeu de cartes, mais aussi le dessin animé en DVD, le jeu vidéo…

Pour D&D, je dirais que malheureusement Atari ne fait pas bien son boulot. C’est dommage de ne rien faire quand on dispose d’autant de background. C’est indispensable pourtant pour ne plus parler de jeu papier mais bien d’univers. Regade l’étagère, D&D’nest pas qu’un jdr, ce sont aussi des romans. Bragelonne Milady [l’éditeur des romans, NDR] est même très content de leurs ventes. Wizard a aussi la volonté de proposer un jeu vidéo pour jouer online à D&D. Ca n’a pas encore le succès attendu mais pour la 5e édition je le vois arriver gros comme une maison ! Je verrais bien une grosse boite avec un DVD dedans… Combien de MJ joue déjà avec un PC à côté d’eux aujourd’hui ?

A propos du public

Nous ne sommes pas si loin de St Michel. Un peu plus loin il y a l’école des Mines, deux lycées, trois écoles primaires. Il y a aussi la faculté de médecine et la Sorbonne qui ne sont pas très loin non plus.

C’est beaucoup moins touristique que la bas du Bd St Michel, mais regardes le Games Workshop de la rue Hautefeuille [NDR: il se situe juste derrière St Michel, mais dans une petite rue en retrait très peu exposée], il n’est pas franchement dans le passage non plus et ca a été le premier Games au monde pendant longtemps ! Ce n’est pas une histoire de passage… Aujourd’hui le premier Games Workshop de France c’est celui de porte d’Orléan, et il est loin du passage aussi. Games a toujours fonctionné comme ca, ce n’est pas le placement qui compte.

Pour l’instant la tranche d’âge tourne autour des 20 ans c’est certain. Mais nous avons du jeu de rôle un samedi par mois, de 11h à 18h, consacré à D&D, avec deux tables.