Cette interview a été réalisée à la fin de l’année 2008. Il y a quelques jours, nous apprenions l’arrêt de la revue sous sa forme actuelle avec son numéro 7. Play Factory réfléchissant actuellement à une nouvelle formule distribuée par Internet, nous avons tenu malgré tout à publier l’interview, riche en enseignements…

 

Khimaira : Dragon Rouge est apparue en même temps que plusieurs autres revues de jdr, après une période de vaches maigres. Vous saviez qu’il y avait d’autres projets en cours à côté ? [NDR : Le numéro 1 est parue en même temps que JdR Magazine #1 et que le retour de Black Box après plusieurs mois d’absence]

Tatiana : En fait pour nous l’aventure ne s’est pas déroulée comme ça. Nous nous sommes retrouvé à éditer la nouvelle édition de D&D et à vraiment écouter les joueurs. Et nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une véritable attente pour un magazine. Nous nous sommes positionnés par rapport à cette attente, plus que par rapport aux autres magazines.

Cédric : Il y a eu une sorte de génération spontanée du magazine, qui n’a pas du tout été calculée. Ca a vraiment collé avec D&D.

Tatiana : C’est vrai, nous avons vraiment collé avec le marché dont nous étions à l’écoute. Nous sortons toujours des magazines pour un public auquel nous savons parler, pour ne pas sortir une espèce de catalogue qui finalement ne répondra pas aux attentes des lecteurs.

Khimaira : Vous avez trouvé Arnaud Cuidet après le montage du projet ou avant ?

Tatiana : Le mieux est de poser la question à l’intéressé !

Arnaud, rédacteur en chef de Dragon Rouge et Codex Interdit : J’étais là depuis le début oui. Guillaume [Gilles-Naves, NDR] a pris contact avec moi début Avril. A cette époque il n’y avait rien, il savait juste qu’il voulait faire un magazine de jdr et il fallait tout créer. Je n’ai pas fait les choses tout seul non plus; j’avais beau être un rédacteur de CB je n’ai jamais été rédacteur en chef avant. Nous avons donc beaucoup travaillé ensemble et avec Igor Polouchkine, le directeur artistique de Play Factory, qui a mis au point toute la maquette de la revue. Ensuite ca c’est fait assez vite; de toutes façons nous n’avions pas beaucoup de temps car nous voulions sortir le numéro 1 en même temps que la sortie de D&D. Tout cela a été mené tambour battant comme on dit, rapide mais bien !

Khimaira : Comment avez vous travaillé sur la définition du contenu, sur le rubriquage ?

Arnaud : L’idée était de faire une revue qui parle vraiment aux joueurs, qui soit dans le concret, dans l’utile. La première chose dont nous avons discuté, c’est qu’est-ce que nous allons proposer comme matériel de jeu. C’est de là qu’est venu l’idée de mettre la carte D&D en poster, parce que nous voulions vraiment mettre quelque chose qui serve ; nous ne voulions pas que la revue prenne la poussière mais qu’elle accompagne le joueur dans sa pratique du jeu.
Nous voulions aussi qu’elle parle non seulement aux MJ mais aussi aux joueurs, au sens PJ du terme. C’est pour cela qu’il y a une grosse rubrique « La voie du Héros » qui propose conseils de jeu et tactiques pour les joueurs.
Ensuite il y a bien sûr des news et des critiques parce qu’il faut que les joueurs soient informés de ce qui se passe dans le monde du jdr.

Khimaira : La revue vise surtout le joueur de D&D ?

Arnaud : L’idée est qu’il faut que ca parle aux joueurs, or la plupart des joueurs sont des joueurs de D&D. CQFD ! Après les premiers numéros étaient beaucoup sur D&D parce que c’était la grosse sortie du moment – des gens nous l’ont reproché évidemment, mais dans les prochains numéros nous allons essayer de se diversifier un peu, de parler de plus de jeux différents, avec plus d’aides de jeux pour des jeux différents.

Khimaira : En gardant systématique la carte D&D ?

Arnaud : Oui, ca me parait indispensable.

Khimaira : Est-ce qu’il y aura des H.S. ?

Arnaud : Il y aura des HS. Le sujet et la date de parution sont encore en discussion, mais il y en aura.

Khimaira : Avec quel contenu ? Des compilations d’articles thématiques ?

Arnaud: Je ne peux rien dire pour l’instant; j’ai plusieurs idées mais il faut arbitrer maintenant sur ce que l’on fait et dans quel ordre.

Khimaira : La revue a été construite sans préoccupation des autres revues en train de se monter à côté ?

Arnaud : Pas sans considération : nous n’avons pas fait l’autruche. Nous savions que d’autres revues existaient ou existeraient au moment où Dragon Rouge sortirait. Mais nous ne sommes pas non plus dans une logique de concurrence avec JdR Magazine et Black Box. Nous ne sommes pas spécialement le nez dedans en se disant, « ah qu’est-ce qu’ils ont fait, qu’est-ce qu’on va faire? ». J’ai l’impression que nous sommes pour l’instant chacun en train de chercher nos marques.

Khimaira : Comment vois-tu ce retour en force de la presse rôliste ? Tu lui vois un débouché ?

Arnaud : Je suis hyper content ! C’est la première question que l’on nous a posé sur les forums, « alors, comment est-ce que vous vivez la concurrence avec les autres magazines ? ». Mais je ne suis pas analyste financier ; mon métier c’est rédacteur en chef, d’écrire des articles qui plaisent aux rôlistes. Est-ce que les trois magazines survivront ? Je le souhaite parce que ca veut dire qu’il y a plus de joueurs et que le jdr va « mieux », bien que je ne sois pas convaincu qu’il aille si mal que ca – c’est un peu la maladie du « c’était mieux avant ». S’ils survivent tous les trois c’est qu’il y a un retour en force, et je suis pour qu’il y ait un retour en force du jdr !

Khimaira : Une petite question plus personnelle pour finir : quand Casus Belli seconde version s’est arrêté, Didier [Guiserix, NDR] avait annoncé que le titre était reprenable. Est-ce que tu avais envisagé quelque chose ?

Arnaud : Oui, nous y avons pensé un moment, mais pour faire simple : c’était compliqué. Didier n’est pas le seul décideur, et il y avait une vraie question de savoir s’il fallait le faire ou ne pas le faire… Et puis finalement, un titre comme Dragon Rouge est fédérateur, on voit tout de suite de quoi on parle.