Un gaz toxique s’échappe d’une base militaire et transforme la population alentour en zombies purulents. Toute la population ? Non: un petit groupe de résistants, mené par la go-go danseuse Cherry et son chevalier servant tatoué El Wray, va jouer du gun pour tailler la route et s’envoler loin de la foule grandissante des contaminés avides de tripes fraîches…
Voici donc le second film estampillé « grindhouse », après Death Proof/Boulevard de la Mort, sorti au printemps. Si vous lisez Khimaira (version papier) depuis un certain temps, vous vous souvenez peut-être de mes craintes de l’an passé concernant ce volet tourné par Robert Rodriguez, dont je craignais qu’il ne soit pas à la hauteur du métrage signé Tarantino. A l’arrivée, je dois avouer que Planète Terreur est au moins aussi bon, sinon meilleur, que le film de Quentin. Ici, pas de dialogues longuets ni de temps morts, le récit pétarade de bout en bout (avec une entrée en matière, hum… chorégraphiée et catchy, captée par une caméra amoureuse de Rose McGowan) et épouse jusqu’au dernier plan le dogme « grindhouse » dicté — et pourtant à peine respecté — par Tarantino dans Death Proof: texture cradingue de l’image, zoomite aiguë, panos maladroits, sautes de bande et rayures presque omniprésentes, comme si la copie passait pour la 10 000ème fois dans le projecteur. On a même droit à une « bobine manquante » avec message d’excuse de la direction (d’où une ellipse saisissante aux deux tiers du métrage).
Evidemment, tout ce barda esthétique peut gêner en accouchant d’une sorte de « faux premier degré », d’une distance malvenue qui empêche une vraie immersion du spectateur dans le récit. C’est dommage, mais pas forcément le plus important : la mise en scène de Rodriguez — par ailleurs gorissime et gavée de trouvailles du meilleur mauvais goût — fait honneur au scénario déliro-débilos, digne des meilleures séries B d’horreur des années 1980. Vous avez aimé — et aimez toujours — House, Le Retour des morts-vivants, Le Blob (version Chuck Russel) ? Chouette, Planète Terreur est fait pour vous !