Pierre Tombal

Il y a une vie après la mort. Et elle est loin d’être triste ! Même si elle effraye les personnages qui en sont les témoins, il y en a au moins un pour qui elle ne semble être que bien naturelle : Pierre Tombal. Première remarque : il porte bien son nom pour un fossoyeur, non ?

Pierre Tombal est né en 1983 de l’imagination fertile de Raoul Cauvin et du trait efficace de Marc Hardy. On connaît bien Marc Hardy pour être le dessinateur de la série des Pierre Tombal mais également de la série Lolo et Sucette (avec Yann aux éditions Glénat), tout comme pour la série La patrouille des Libellules (toujours Yann, toujours Glénat). Il a également sévi aux éditions Marsu Productions avec Yann pour la série Croqu’La Vie et chez Palombia, avec Desberg, pour les aventures d’ Arkel.
Mais on connaît encore mieux le scénariste Raoul Cauvin. Vedette incontestable des éditions Dupuis depuis qu’il est rentré dans la maison en 1960. D’abord assigné aux lettrages de ses collègues, poussé par Charles Dupuis, notre grand créateur de gags va se lancer dans une carrière phénoménale ! Qui aurait pu croire que cet homme, né en Belgique en 1938, lithographe publicitaire de formation (Saint Luc à Tournai), ayant exercé des métiers comme cameraman de studio de dessins animés ou encore ayant travaillé dans une usine de fabrication de boules de billards, allait devenir par la suite un des meilleurs scénaristes de la maison Dupuis ! ! Jugez-en par sa fertilité : l’Agent 212 (avec Kox) ; Les femmes en blanc (avec Bercovici) ; Cupidon (avec Malik) ; Pauvre Lampil et les Tuniques Bleues (avec Lambil) ; Les voraces (avec Glem) ; Cédric et Taxi Girl (avec Laudec) ; Les Psy (avec Bédu) ; Sammy (avec Berck) ; Du côté de chez Poje (avec Carpentier), Les Paparazzi (avec Mazel).
Son secret ? Un bon divan dans lequel il s’allonge pour s’inventer ses gags et histoires. Une fois les scénarios dans sa tête, il ne lui reste plus qu’à aller recopier le tout sur ses nombreuses feuilles qui perdront rapidement leur blancheur première.

Pierre Tombal, un héros que rien n’impressionne…

Comment décrire le personnage principal, Pierre Tombal ? Pierre est d’abord caractérisé par sa tenue : vieille casquette brune, cigarette au bec, éternelle pelle à la main, salopette bleue et souvent veston par-dessus. De sa jeunesse on ne sait pas grand chose sauf qu’il aurait travaillé dans une grande maison dans une station balnéaire (cfr. album n°11, la défense des os primés) qu’il abandonna très vite pour son  » petit cimetière de campagne « . Il habite une maison dans le cimetière. Chose étrange, il semblerait que notre héros se soit débarrassé de sa femme que l’on aperçoit dans le premier album mais qui disparaît dès le second. Ah, ces secrets que renferment les cimetières…
Mais on retiendra surtout de Pierre Tombal son sang-froid : des morts lui parlent, lui font des farces, ont leurs exigences et lui, c’est à peine s’il s’énerve de temps à autre.

Collègues ou rivaux ?

Parmi les personnages récurrents de la série citons messieurs Baquet (employé du crématorium), Labulle (capitaine faisant immerger les corps des défunts) et le professeur Formol (pour les legs à la science). Ces  » rivaux  » qui se disputent quelquefois les corps des défunts et ne ratent jamais une occasion de décrire aux mourants toute la monstruosité des procédés des autres, n’en sont pas moins de bons compagnons de beuverie. On les retrouve en effet autour d’une table à se raconter leurs mésaventures avec leurs « clients ».

Des visiteurs redondants…

Deux autres personnages se répètent durant les gags. Il y a souvent un vieux monsieur tout courbé, avec canne, parfois sans à qui il arrive d’étranges choses et qui ferait mieux de ne pas trop questionner Pierre Tombal car à chaque fois cela se termine par une belle frayeur pour lui et un large sourire pour les lecteurs. Un autre  » curieux « , les cheveux noirâtres et le bide avancé vient aussi souvent questionner notre brave fossoyeur au risque d’entendre des histoires effrayantes de rire !

Entre humour et fantastique

Mais ce qui caractérise la série est très certainement le savant mélange d’humour et de macabre voire de fantastique. Alors que le sujet ne prête normalement pas véritablement à rire, Raoul Cauvin réussit avec brio à nous extirper d’affreux râles ou des étouffements de joie. Le principe est simple : les morts servent de prétexte aux bêtises des vivants. Que ce soit en dénonçant nos propres exagérations (dans Chute d’os, Pierre Tombal se sert d’un GSM et la Mort d’un silencieux !, dans Histoires d’os, la publicité envahit les cimetières…) ou nos peurs (enterrés vivants, retour des morts…), la série s’attaque aux croyances et aux imbécillités des vivants et les tourne en ridicule.

D’autre part, on voit rarement les morts ou des éléments macabres. Les habitants du cimetière se font certes entendre, discutant entre eux, ou avec Pierre Tombal mais de leur apparence physique on n’aperçoit que quelques os, parfois des revenants sous la forme d’esprits volants aux lambeaux déchirés mais le plus souvent, la série fait appel à notre propre imagination. Bien que des éléments fantastiques viennent colorer la série (Dracula, Hulk, Spiderman, fantômes et homme invisible sont présents dès le premier numéro !), ils ne servent au fond que de déclencheur à l’humour qui très vite envahit les vignettes. Un humour décapant et qui se rit aussi bien des tabous liés à la Mort, des excès de notre société que des auteurs eux-mêmes. Ceux-ci n’hésitent pas, en effet, à faire figurer sur les croix leurs propres noms ou les noms de leurs collègue ou à mettre en scène des histoires propres au milieu de la bd (comme la différence des tombes des scénaristes, mottes de terre à la pauvre croix de bois ; des dessinateurs, caveaux déjà plus luxueux jusqu’à l’éditeur, nécropole digne des rois d’Egypte !).
Si des éléments fantastiques sont donc présents tout au long des albums, l’effet humoristique recherché en banni l’essence. Mais on ne se délassera jamais de ces gags géniaux qui nous sortent de nos frayeurs quotidiennes ou nous y plonge avec un tout autre regard, d’un œil malicieux et rieur !

Les albums

Pour terminer cet article nous dressons ci-dessous la liste des albums parus jusqu’à aujourd’hui. En tout 16 albums aux titres évocateurs :