Toujours plus loin dans leur conquête du monde, Olivier et Stéphane Peru s’attaquent aujourd’hui à Khimaira en signant la couverture Space Op ! Auteurs de Shaman et de nombreuses illustrations pour l’édition de jeux, de comics ou de littérature, les très actifs frères Peru ne se laissent pas une minute de répit. Malgré leurs activités foisonnantes, Khimaira a réussi à leur faire lâcher crayons et bazookas pour une interview explosive.

Khimaira : En août sortira le troisième et dernier tome de Shaman chez Soleil. Quelques mots sur les révélations de cet album et sur sa présentation…
Olivier :
Etant donné que ce troisième tome de Shaman termine la série, on résout bien évidement tous les mystères soulevés dans les deux albums précédents. On lève le voile sur quelques personnages et sur l’énigmatique passé de la Ville-Monde. Le gros point positif de cet album est aussi qu’il contienne 54 pages dessinées, sans hausse de prix. On a obtenu de notre généreux éditeur des pages supplémentaires pour se «lâcher» sur cette fin de série et en donner un maximum au lecteur.

K : Pourquoi avoir dessiné de nouvelles couvertures pour la réédition des tomes 1 et 2 de Shaman ?
Stéphane :
En premier lieu, vu que la série (initialement publiée par Nucléa) a changé d’éditeur, il nous fallait marquer le coup en redonnant une nouvelle identité graphique à Shaman. Ensuite, étant donné que les tirages précédents étaient écoulés, on avait l’occasion de produire de nouvelles images, alors on en a profité. Mais le changement ne se limitera pas qu’aux couvertures. On va changer certaines cases et retoucher des couleurs. Peu d’auteurs ont la chance d’avoir de nouvelles éditions de leurs anciens albums. Nous profitons juste de cette opportunité pour changer certaines cases qui ne répondent plus à nos exigences. Mais les lecteurs possédant déjà les deux premiers opus ne doivent pas se sentir lésés, l’histoire ne change pas.

K : A l’aube de la fin de ce projet, quelles sont vos impressions ?
O :
Une profonde satisfaction et une pointe d’appréhension en attendant l’opinion des lecteurs.
S : Principalement, beaucoup de fierté de livrer enfin notre première histoire complète. C’est une étape qui est franchie ! 
L’envie de recommencer une autre saga est encore plus forte.

K : Vous avez réalisé la couverture de ce Khimaira. Le Space Opera, est-ce un thème qu’il vous plaisait particulièrement d’illustrer ?
O :
Le Space Opera ne semble pas avoir d’autres limites que celles fixées par l’imaginaire. C’est un thème autour duquel il est facile d’inventer des centaines d’histoires et de créer des légions de personnages. Du coup, il devient jouissif de laisser aller l’imaginaire et le crayon pour enfanter des images débridées.

K : Comment est née l’idée de départ de cette couverture ?
O :
Comme souvent, une image émerge de quelques croquis se promenant sur des feuilles de brouillons. L’idée de la couverture de ce Khimaira est venue alors qu’on travaillait sur des croquis préparatoires pour les dernières pages de Shaman. Entre les dessins de quelques protagonistes désignés pour la fin du tome 03 se sont glissés les personnages apparaissant sur la couverture. Ensuite, autour de quelques croquis, on a discuté, griffonné, raturé et réarrangé des détails pour obtenir les débuts de l’image qu’on voulait obtenir.

K : Techniquement, comment avez-vous procédé pour la réaliser ?
O :
En ce qui concerne ma partie, sur ce genre d’illustration, je fais un crayonné très poussé. Tout en travaillant quelques matières et lumières au crayon, j’essaie de garder le dessin suffisamment propre pour que les traits servent de support à la couleur sans
l’encadrer afin d’obtenir un rendu moins strict qu’une case de BD classique.
S : C’est assez difficile, quand on travaille avec l’ordinateur, de donner un effet manuel à la couleur. J’ai utilisé beaucoup de brosses, numériques bien sur, pour donner de la matière à la couleur et ainsi atténuer ce côté froid qui peut caractériser la colorisation par ordinateur. La technique reste très similaire à ce que pourrait faire un artiste en couleur directe… J’ai juste l’opportunité de retoucher ma couleur et d’effacer ce qui ne me plait pas sans avoir à gratter de croûte de peinture, ce qui constitue le plus gros avantage du numérique.

K : Vos œuvres Space Op préférées ?
O :
Star Wars pour son côté monumental et tout un tas de jeux vidéos (dont les noms m’échappent) aux univers spatio-déjantés.
S : Je pense tout de suite à Star Wars, qui a défini, selon moi, le terme Space Opera. En littérature, j’ai beaucoup aimé Les guerriers du Silence de Pierre Bordage. On voyage beaucoup et les personnages évoluent constamment. A moindre échelle, je pense aussi aux X-men, et notamment au run du Dark Phénix de Claremont et Byrne. C’était, à l’époque, ce qui se rapprochait le plus de Star Wars, pour moi. Des humains qui voyageaient dans l’espace pour rencontrer un empire extra-terrestre, peuplé de races de toutes sortes, pour y défendre une des leurs… Un grand moment de magie.

K : A côté de cette couverture pour Khimaira, vous avez réalisé l’affiche du festival « Trolls & Légendes ». Vous réalisez également de nombreuses illustrations (couvertures de livres, dessins pour le jeu de rôles, etc.). Que représentent pour vous ces travaux par rapport à la BD ?
O :
Ces illustrations nous permettent souvent de nous aérer l’esprit. Elles sont une « récréation » interrompant l’enchaînement des pages de BD, et puis elles nous permettent d’aborder des univers sur lesquels on n’a pas forcément l’occasion de travailler. Parfois, techniquement, elles sont aussi la chance d’essayer de nouvelles méthodes de travail.
S : L’illustration constitue souvent une bouffée d’air frais. En ce qui concerne les couvertures ou affiches, on ne travaille plus dans une démarche de narration, il faut juste «capturer» l’instant. C’est très différent d’une case de BD. C’est un peu plus technique en termes de dessin et de couleur car on exige de nous-mêmes un résultat plus complet et parfait. Mais le résultat est souvent très gratifiant.

K : Quelques mots sur vos projets en cours et à venir ?
O :
Ecrire et dessiner des tas de nouvelles séries, les voir adaptées au cinéma, travailler sur des projets révolutionnaires (y a encore des choses à faire) et conquérir le monde !
S : Et continuer à lire beaucoup, beaucoup de Khimaira !!!