A une époque future indéterminée, dans une société aseptisée, déshumanisée, D-503, mathématicien de l’Etat Unique, concepteur de l’Intégral est subitement perturbé. Une sensation nouvelle s’introduit en lui. Le désir pour une femme qu’il souhaite exprimer en dehors des horaires prévus à cet effet ! Une femme qui plus est, qui veut l’entraîner dans des situations hors-normes, hors-la-loi. Ceci est son journal.
 
Si cette histoire vous semble du déjà vu, vous faîtes erreur. Ce livre écrit en 1920 est celui qui inspirera 1984 à Georges Orwell, qui lui même inspirera La vérité avant-dernière à Philip K. Dick. Voici déjà un argument de taille. Comment ne pas lire un pareil classique de la littérature de l’imaginaire, qui plus est raconté avec un immense talent par un homme qui osa écrire à Staline en 1931 « Pour moi, en tant qu’écrivain, être privé de la possibilité d’écrire revient à une condamnation à mort […] car l’activité de création est impensable […] dans une atmosphère de persécution systématique qui s’aggrave chaque année », ce qui lui vaudra l’exil ; il choisira la France où il mourra. Cet ouvrage est tout simplement l’équivalent en littérature de l’imaginaire de L’archipel du Goulag, un cri de révolte, un désir de liberté de création, lancé par un homme pour qui écrire était vivre. La lecture de ce livre est par moments dérangeante, lorsque l’on découvre peu à peu les tortures mentales imposées par l’Etat, lorsque le personnage, incapable de penser par lui-même, est terrorisé à l’idée d’agir contrairement aux ordres. Le voir peu à peu sortir de ce carcan est un instant de magie dont vous ne devez pas vous priver.
 
Un ouvrage INDISPENSABLE !