C’est un mon aride où la pluie ne tombe pas. C’est un monde où les villes n’existent plus et où les barbares dominent par la force. C’est le monde de Noé, l’un des rares hommes aux intentions bonnes et louables. Mais toutes les nuits, Noé rêve d’un déluge, un déluge non pas salvateur mais destructeur. Serait-ce Dieu qui parle et prévient Noé ?

Darren Aronofsky est d’abord un réalisateur de films culte, propulsé messie d’une génération en l’espace d’une péloche foudroyante, Requiem for a Dream et maintenant bête à concours avec son film à Oscars Black Swan. Mais c’est aussi un scénariste de BD depuis qu’il a recyclé le scénario de l’un de ses projets tombé à l’eau, The Fountain. Le film fini cependant par voir le jour et les deux versions coexistent sans que l’une ne soit vraiment l’adaptation de l’autre.

Apparemment satisfait de cette expérience, Aronofsky essaye de la renouveler avec Noé. Alors que sort le premier tome de Noé la BD, Noé le film rentre en effet en pré-pré-production. Cette phase de la conception d’un film, qui précède la période de tournage proprement dites, est généralement celle qui sollicite le plus les réalisateurs (ou les producteurs, selon qui porte le projet). C’est en effet le moment où la partition s’écrit, celle où tout s’organise (tournage, promotion…) et celle où le film peut encore être arrêté sans trop de pertes financières.

Bref, autant d’enjeux majeurs qui se retrouvent inexorablement projetés dans Noé la BD. Il ne faut pas chercher, par exemple, l’origine de sa narration très décompressée dans le comicbook US mais clairement dans le storyboarding – une comparaison qui vaut aussi pour la lisibilité de sa narration, absolument impeccable. A tel point que pour rendre un minimum de densité à ce premier tome, la pagination est plus importante que la moyenne franco-belge.

Curieux timing aussi, que de démarrer cette série deux ans avant la sortie prévue du film. De là à voir en Noé la BD un crash-test du scénario de Noé le film, il n’y a qu’un pas que nous franchirons aisément. Comment expliquer autrement la transparence dont font preuve les auteurs quant à leurs intentions, comme s’ils souhaitaient faire de Noé la BD une explication de texte de Noé le film ?

Noé la BD arrivera-t-il à trouver ses marques propres ? Arrivera-t-elle à exister indépendamment de Noé le film ? C’est ce que vous saurez en lisant la suite de ces aventures, ici même, à partir du tome 2 !