Naïla de Brume est le premier roman de l’auteur canadien Elisabeth Tremblay et sa première publication en France. Il s’agit du premier tome d’un cycle plus vaste, celui des Filles de Lune, qui compte déjà quatre tomes au Canada.

Naïla de Brume est un récit initiatique. Son héroïne, Naïla, est une jeune femme de notre monde qui, par la rénovation d’une vieille maison de famille, va découvrir les secrets de certains de ses aïeuls. La jeune femme se trouve être une descendante d’une lignée de sorcières venues d’un autre monde, destinées à rétablir l’équilibre de leur monde d’origine. Naïla va tant bien que mal accepter son héritage, voyager d’un univers à un autre, et entreprendre sa quête pour devenir une véritable Fille de Lune.
Ce premier roman ouvre un cycle qui, comme on l’a dit, est celui de la quête initiatique. L’héroïne se découvre des pouvoirs qu’elle ne connaissait pas et apprendra au fur et à mesure des péripéties l’ampleur du destin auquel elle est promise.
Le récit en lui-même est long. Les deux cents premières pages du roman décrivent la vie quotidienne de Naïla avec une profusion de détails qui égarent parfois le lecteur, tant est qu’on se demande si Naïla finira par arriver au monde parallèle… De même les conséquences psychologiques d’une telle révélation – notre monde n’est pas le seul, il en existe d’autres, sont malheureusement à peine effleurées. L’auteur en prend compte sans s’y attarder véritablement, laissant un arrière goût d’inachevé.

Néanmoins on ne peut pas reprocher à l’auteur de ne pas connaître son univers. En effet la cosmogonie de l’univers est décrite plusieurs fois, de manière moins en moins cryptique pour créer un effet d’attente ; et cette cosmogonie tient parfaitement la route, elle est cohérente. La seconde partie du roman est, me semble-t-il, la plus intéressante. La première partie prépare tellement l’arrivée qu’on ne l’espère plus et, une fois arrivée, est ressentie comme une bouffée d’air frais.

A qui s’adresse ce roman ? Aux amateurs de fantasy certes, mais on peut remarquer une curiosité éditoriale. En effet la couverture canadienne oriente le roman vers un lectorat adulte, tandis que la couverture française oriente le roman vers les adolescents.
Le style d’écriture de l’auteur est simple mais les thèmes, eux, sont pour certains plus adultes. Il y a par exemple cette scène de viol dans le roman – le thème ne s’adresse pas aux plus jeunes mais la description de l’acte et la torture qui l’accompagnent sont aseptisées, le ton adopté n’est pas celui de l’horreur psychologique ou physique. La meilleure réponse quant au lectorat reste la sensibilité de chacun sur ces thèmes.

Il aurait peut-être été plus juste de consacrer ce premier tome dans son entier à la découverte, à l’insinuation du fantastique dans le récit et non de casser le récit en deux. Ce roman est une ouverture au reste du cycle, comme le premier tome d’un long roman. Au tome 2 de faire ses preuves et de nous prouver que les Filles de Lune méritent d’être lues.

La couverture canadienne du roman.