Résumé :

Mai 1973, dans le Nord-Est de l’Angleterre, le Sergent Stuart Miller est appelé sur une scène de crime particulièrement sordide qui va profondément le marquer puisque 35 ans plus tard, désormais à la retraite et installé sur le continent australien, il ressasse encore de n’avoir pu arrêter le tueur en série auteur de ce massacre.

Affecté à “la brigade du bétail”, l’agent principal Philip Kwong, surnommé Cato, ex star de la police en pleine disgrâce, se voit appeler par Mick Hutchens son ancien chef, lui aussi discrédité, à renforcer temporairement la police d’Albany.

Cato et Jim Buckley abandonnent leur enquête (une vache trouvée abattue sur le bord de la route) et partent pour Hopetoun, ville de la côte méridionale en pleine expansion suite à l’exploitation d’une énorme mine de nickel où le torse décapité d’un homme avec lequel jouait des requins a été trouvé.

Sur place, le flic d’origine chinoise, retrouve son  amour de l’école de police, le Sergent-Chef Tess « Taser » Maguire qui a gardé envers lui une certaine rancœur.

Notre avis :

Les éditions Bragelonne recèlent de pépites, et assurément ce livre en fait partie même si les puristes trouveront à redire quant à qualifier cette histoire du genre de la collection où il est édité (thriller) : Morceaux de choix  d’Alan Carter relève plus du roman policier qui tire vers le  « noir »

Ce problème d’étiquetage énoncé, on trouve moins à redire que pour Seul sur mars  d’Andy Weir qui fleure plus la SF ; mais revenons-en à notre sujet !

Deux histoires sans connexion l’une avec l’autre vont trouver, on s’en doute, leur dénouement en Australie-Occidentale, à Hopetoun à quelques kilomètres de Ravensthorpe. Dépaysement assuré !

La région produit 20% de l’aluminium mondial, c’est dire sa richesse minière, mais il est question ici de l’exploitation de colbat (il  existe effectivement une  mine à ciel ouvert dans le coin) et de l’expansion urbaine, des aléas que déclenche ce boum soudain de l’activité industrielle.

L’Australie c’est  encore l’aventure, la terre promise, principalement pour la main d’œuvre peu chère payée qui vient de Chine pour épauler la population d’origine aborigène, malmenée par les fils dégénérés des patrons de la mine…

Il y a là un terrain au racisme ordinaire, à l’exploitation tout autant qu’à la fraude immobilière et d’autres activités criminelles : le Far-West vous dis-je!

L’intrigue principale est sans conteste celle qui débute avec la découverte d’un cadavre au bord de la plage, le déroulement de celle-ci va s’appuyer, sur le background décrit ci-dessus et  principalement sur Cato Kwong, un anti-héros, un homme totalement désabusé du système dont il a été victime, et auquel on va finir par s’attacher.

De nombreux personnages, majoritairement des policiers, avec tous une véritable personnalité, viennent étoffer cet ensemble.

Peu recommandables, beaucoup  font  preuve de mauvaise volonté à trouver l’identité du mort, quitte à accourir si d’autres enquêtes plus prestigieuses apparaissent dans l’espoir de sortir de la brousse où on les a exilés.

De ce point de vue Cato, moins ambitieux, fait preuve d’un peu plus de conscience professionnelle, même si l’attitude de ses collègues lui met des bâtons dans les roues : assurément il a une revanche à prendre.

La jonction qui va se produire entre les deux affaires (celle qui débute en Angleterre en 1973 et celle de 2008) peut paraître quelque peu tirée par les cheveux, on pourra plutôt y voir de la malice et finalement beaucoup d’ironie de la part de l’auteur, à faire se réaliser l’incroyable dans un contexte des plus aventureux.

Peu d’actions au cours de l’enquête où l’humour est omniprésent, mais un bon travail d’écriture et de mise en place pour, sans doute, une série à venir qu’on sera ravi de suivre.

Morceaux de choix  est sans conteste un  premier roman remarquablement étoffé qui nous fait découvrir Alan Carter, un auteur australien on ne peut plus prometteur !