Un départ en train depuis Kiev, une jeune fille serrant dans ses bras un violon d’une valeur inestimable. Fille d’un savant richissime qui lui passe tout, Anja résiste comme elle peut à sa gouvernante Miss Nightingale.

La suite va déraper rapidement, quelqu’un cherche à lui dérober son instrument et elle va manquer son train, être séparée de sa famille, et partir à l’aventure poursuivie à la fois par les sales gosses qui servent d’hommes de main à la baronne von Stumf, affidée au Grand Cophte qui veut absolument les retrouver, et de la police politique du tsar.
Au même moment le jeune Piotr échappe à sa brute de Père et va rencontrer Anja dans un jardin où il joue de la clarinette. Au fil des pages, s’organise une véritable course poursuite avec un puzzle qui se construit peu à peu de manière redoutable, mettant nos nerfs à rude épreuve. Les aventures de ces deux jeunes enfants pris dans une aventure et des enjeux qui les dépassent va nous amener à rencontrer des personnages dangereux et cruels, d’autres étonnants et profondément humains, partir avec les gens du voyage, échapper aux hommes à tête de chiens, vivre des moments étonnants avec les animaux avec qui Piotr puis Jorn semblent avoir des relations étranges qui provoquent d’étonnantes situations et réactions.

En lisant le livre, on a l’impression d’être pris dans une nasse qui se referme peu à peu mais dont on n’a pas du tout envie de s’échapper. Lors de la course poursuite de Kiev à la Sibérie, les trains filent comme les destins se croisent et soulèvent l’étrange légende de Maldoror dont on sait encore si peu de choses.

Ce roman particulièrement bien écrit et bien mené nous entraîne dans les plaines russes au gré des légendes, avec notamment ces passages où la mort d’Anja surgit, poétique et inquiétante. Tout fonctionne dans ce roman, Philippe Lechermeier prend son temps pour installer l’intrigue qui peu à peu dévoile ce que l’auteur a envie de nous montrer, pour ensuite brouiller les pistes. Et puis l’édition est particulièrement réussie avec des chapitres en italique, les entrées de chapitre particulièrement soignées et la couverture superbe de Charlotte Gastaut, avec cette belle jeune femme blonde soufflant sur les cartes du destin qui s’envolent sur un train lancé à vive allure comme l’histoire. Philippe Lechermeier  nous invite ici dans le premier tome d’une trilogie étrange, envoûtante et excitante. La suite vient de paraître, il faut foncer !