Venise, 2142 : quand la magie renaît des cendres de l’humanité

Dans un futur où l’Italie n’est plus qu’un champ de ruines balayé par les vents toxiques d’une pandémie dévastatrice, une légende refait surface. Les Sorcières de Venise, œuvre envoûtante signée Sébastien Perez et illustrée par Marco Mazzoni, ne se contente pas de dépeindre un monde post-apocalyptique : elle en révèle les mystères enfouis, là où la science a échoué et où la magie, longtemps bannie, reprend ses droits.

Un fléau venu des profondeurs de l’Histoire

L’épidémie qui a décimé l’humanité trouve ses racines dans un passé insoupçonné. Au cœur du Moyen Âge, sur une île vénitienne oubliée des cartes, une femme, accusée de sorcellerie, aurait scellé un pacte avec des forces obscures. Son refuge, aujourd’hui englouti par les eaux montantes de la lagune, recèle un secret capable de renverser l’ordre du monde. Mais qui osera s’y aventurer ?

Un voyage entre désolation et émerveillement

Le récit, à la fois épique et intime, suit les pas d’une jeune survivante, Livia, qui découvre peu à peu que les « sorcières » ne sont pas les monstres que la propagande a dépeints. À travers des paysages où les palais vénitiens, rongés par la végétation et le sel, se transforment en cathédrales de silence, elle rencontre des êtres hybrides, mi-humains, mi-esprits, gardiens d’un savoir ancestral.

Les illustrations de Marco Mazzoni, d’une précision quasi photographique, mêlent réalisme et onirisme. Ses couleurs, tantôt saturées comme un coucher de soleil sur l’Adriatique, tantôt assombries par les ombres des canaux déserts, plongent le lecteur dans une atmosphère à la fois oppressante et envoûtante.

Une fable philosophique sur la peur et la résilience

Au-delà de l’aventure, Les Sorcières de Venise interroge : et si la véritable pandémie n’était pas le virus, mais la peur de l’inconnu ? Sébastien Perez, en fin connaisseur des mythes et des symboles, tisse une réflexion sur la transmission du savoir, la place des femmes dans l’Histoire, et la manière dont les sociétés, en temps de crise, désignent des boucs émissaires.

L’œuvre, entre roman graphique et manifeste poétique, rappelle que les légendes ne sont jamais que des vérités déformées par le temps. Et si Venise, ville éternellement suspendue entre eau et ciel, était le dernier bastion d’une humanité en quête de rédemption ?

Les Sorcières de Venise, édité par Papillon Noir/Gallimard, est disponible en librairie depuis le 5 octobre 2025. Une plongée vertigineuse dans un futur où le passé n’a jamais été aussi présent.