Anton vient de goûter un repos bien mérité, mais déjà Guesser, le chef du contrôle de la nuit, le rappelle pour intervenir sur une drôle d’affaire : le deux contrôles ainsi que l’inquisition viennent de recevoir une dénonciation anonyme annonçant qu’un Autre a proposé d’initier un humain. Problème, seuls les chefs des deux contrôles sont sensés connaître l’adresse de l’Inquisition, et l’initiation d’un humain n’est pas sensé être possible. Encore une fois, Anton Gorodetski va se retrouver plongé dans une enquête dont les enjeux dépassent de loin les apparences.
Serguei Loukianenko nous ravit une fois de plus avec le troisième (sur cinq parus en russe) volet des sentinelles. Toujours aussi finement construit, mené tambour battant, ce troisième opus se dévore comme un thriller. Loukianenko travaille sur la différence, en mettant en balance les Autres et les Humains, et présente l’ambivalence des comportements de chacun. On retrouve l’argumentation déjà bien amorcée dans le volume précédent, Les sentinelles du jour, montrant à quel point les trois entités, contrôle du jour – contrôle de la nuit – inquisition sont semblables dans leurs approches malgré des idéaux à priori antagonistes. Cette forme d’aigreur, de pessimisme, paraît particulièrement juste venant d’un russe qui, s’il aime passionnément son pays, regrette que les régimes se succèdent, très différents en apparence, amis avec les mêmes conséquences désastreuses pour le peuple.
En résumé, ce troisième tome est à la hauteur des précédents et nous amène à réclamer à corps et à cris le quatrième ! Ceux qui ne connaissent pas la série peuvent tout à fait commencer par celui-ci, mais on ne peut que leur recommander de commencer par le premier afin de comprendre toutes les subtilités de ce volume, et aussi de profiter de l’ensemble de la fresque que brosse Loukianenko. A n’en pas douter, cette pentalogie fait déjà partie des nouveaux classiques de l’Imaginaire.