Jolan est partie vivre sa vie. Thorgal court après le fils qu’il a eu avec Kriss de Valnor. Aaricia et Louve se retrouvent donc seules dans un village qui les accepte tout juste. Particulièrement Louve, dont l’empathie animale et le caractère sauvage sont mal perçus. Jusqu’au jour où il lui est offert la possibilité de se débarrasser de sa sauvagerie. Elle semble prête à tout pour se « civiliser », mais est-ce vraiment ce qu’elle souhaite ?

Les deux séries phares de Van Hamne, XIII et Thorgal, suivent le même chemin, avec une série principale reprise par un nouveau scénariste tandis qu’une série dérivée explore d’autres pans de leur univers respectif. Mais là où XIII Mystery fonctionne par histoires indépendantes chacune consacrée à un personnage différent, les Mondes de Thorgal est constitué de plusieurs séries menées en parallèle. Après Krys de Valnor, dont le second volet devrait paraitre au printemps, c’est au tour de Louve, la fille de Thorgal, de démarrer ses propres aventures.

La série reprend le même concept fort que son ainée, celle d’un héritage trop lourd dont le héro aimerait bien se débarrasser, avec une différence de taille toutefois. Chez Thorgal comme chez Jolan, le destin est imposé par une origine ou des facteurs extérieures aux personnages eux-mêmes – même si dans le cas de Jolan, il est accepté et non rejeté comme chez Thorgal. Chez Louve, ce destin n’est pas hérité mais fait au contraire partie intégrante de sa nature et le combat qu’elle doit mener, très différent de celui de ses ainés, est celui de l’acceptation.

Cette légère réorientation permet à ce spin-off d’éviter la redite avec la série mère, tout en étant parfaitement cohérent avec le contexte Viking et avec l’un des fils rouge de l’univers imaginé par Van Hamme, l’opposition entre le monde Barbare et le monde « civilisé ».

Pour donner vie à cette aventure, le scénariste Yann s’est associé à un talentueux dessinateur transalpin peu connu chez nous. Son trait réaliste très fin évoque le Rosinski antérieur au cycle de Jolan.

Certes, l’implication de Louve dans « encore » de nouvelles intrigues mythologiques – la famille Aegirson est vraiment maudite… – peut sembler dommageable, mais un twist ingénieux qui lui permet de démarquer et une réalisation haut de gamme en fait une excellente BD.