Thorgal est une série à l’ancienne, née à une époque où la notion d’univers partagé ou de licence n’existait pas dans la BD Franco-belge. Oui mais voilà, les comics sont depuis passés par là et les auteurs locaux ne se sont pas gênés pour lui reprendre le concept et déployer leurs univers sur plusieurs séries parallèles. L’idée, séduisante à la fois pour les auteurs qui peuvent explorer leurs idées sur une nouvelle dimension et les éditeurs qui peuvent doubler la mise sur les concepts qui ont fait leurs preuves, aura finalement contaminé les séries les plus traditionnelles. Après XIII et son spin-off XIII Mystery, c’est autour de Thorgal de se voir ainsi compléter par Les mondes de Thorgal dont le premier tome entame une suite consacrée à – oh surprise!- Kriss de Valnor.

Apothéose de cette déclinaison toute américaine, l’équipe artistique n’a plus rien à voir avec les créateurs originaux. Si Yve Sente, qui a remplacé Van Hamme sur la série principale, est toujours aux commandes, Rosinsky laisse pinceaux et crayons dans les mains de De Vita, dessinateur entre autre de Wisher. Ce dernier n’a cependant pas à rougir face au maitre. S’il utilise une technique plus traditionnelle, il fait preuve d’un talent remarquable, à la fois proche du Rosinsky des débuts – l’encrage en particulier – mais avec son propre style. Son trait est en tout bien plus ferme et régulier que sur Wisher. Aurait-il trouvé ici une série à sa mesure ?

Cela se confirme avec le scénario de Sente, plus inspiré que sur le tome 32 de la série principale publié au même moment. Contrairement au dernier XIII Mystery consacré à Jones, il réussi en effet ici à propose à la fois une histoire indépendante mais qui conserve bien les éléments de la série dont il est issu. Car, si elle ne propose pas de lien direct avec le cycle en cours côté Thorgal, elle y prend sa source et devrait logiquement y déverser sa conclusion – le retour de Kriss bien sûr !

L’univers de Thorgal se prêtait plutôt bien à ce type de déclinaison qui participe à étendre sa mythologie sur de nouvelles dimensions. Si en plus la qualité est au rendez-vous, il n’y a guère de raison de se priver, et ce que vous soyez un assidu de Thorgal ou pas.