Les héritiers se retrouvent enfin tous au Jal Dara mais n’ont guère le temps de profiter de ses retrouvailles que Nol l’étrange vient leur annoncer que Eryne pourrait bien se transformer en déesse plus tôt que prévu et perdre l’enfant qu’elle porte. Par ailleurs, il leur demande de partir, car Sombre aura bientôt éliminé tous les gardiens des portes des Etheques, et le passage entre le monde des vivants et celui des dieux pourrait bien se retrouver fermé pour toujours.
Les choix que les héritiers vont bientôt avoir à faire seront cruciaux et leur coûteront cher. Il ne savent toujours pas qui est l’adversaire, mais sur eux pèse la prophétie que l’un d’entre eux trahira et qu’ils seront accablés d’un grand malheur. Le dénouement final qui les attend là où la fin du premier cycle s’était nouée pourrait bien les surprendre.
 
C’est un grand plaisir de retrouver les personnages du cycle de Ji, même s’il y en a cette fois un peu trop. La narration est toutefois toujours fluide, et Pierre Grimbert garde bien son postulat de départ : ne présenter l’action qu’à travers les yeux des enfants des héritiers du premier cycle, néanmoins présents. L’action est menée tambour battant, et on peut difficilement s’arrêter une fois la lecture entamée. Le découpage en court passages alternant les points de vue est habile et permet de suivre à la fois l’action globale et l’évolution de chacun des personnages. Au fil de la lecture, on sent toujours que Pierre Grimbert est aussi auteur dans les collections jeunesse, mais l’influence d’Audrey Fançaix est également bien là. En plus du rythme enlevé, la réflexion menée est astucieuse, l’univers toujours aussi original, et la fin à la fois déconcertante, intelligente et touchante !
 
Un grand cru de Pierre Grimbert qui clôt avec maestria le superbe (double) cycle de Ji ; indispensable pour tous les lecteurs de l’Imaginaire ; un classique francophone, largement à la hauteur de ses plus grands exemples anglo-saxons des vingt dernières années.