Les disrupteurs viennent d’activer le Firefrost, un très ancien artefact capable d’étendre son influence catastrophique sur tous les parallèles, entraînant ainsi la fin du multivers. Pour empêcher cela, Luther Arkwright, seul homme capable de se déplacer entre les parallèles, s’emploie à débusquer les disrupteurs en fomentant une révolution sur un monde sous leur influence. A mesure que les complots s’entrecroisent et prennent des directions pas toujours attendues, le combat de l’agent Arkwright se transforme peu à peu en introspection personnelle et en quête d’identité.

Il aura fallu attendre près de vingt ans pour que nous parvienne enfin en français ce monument de la BD anglo-saxonne. Reconnue comme un classique par bon nombre d’auteurs anglais, l’œuvre de Bryan Talbot a laissé une trace dont on peut encore sentir l’influence dans la production actuelle de comics. C’est donc un véritable pilier du patrimoine de la bande dessinée que nous offrent là les éditions Kymera, décidément habituées à l’excellence.
Les amateurs d’uchronies apprécieront les aventures de ce héros désabusé qui n’est pas sans rappeler le Jerry Cornélius de Michael Moorcock. L’ambiance décalée et un peu rétro donne une saveur toute britannique à ce récit élégant qui oscille entre action et métaphysique. La narration, dense, est soutenue par un graphisme qui, s’il semble encore un peu maladroit au début, est extrêmement fouillé et rend parfaitement l’ambiance froide et glauque de cette Angleterre parallèle restée puritaine sous le joug de la dynastie des Cromwell.
Les Aventures de Luther Arkwright est donc un classique, resté étonnement moderne, qui doit impérativement prendre place dans la collection de tout amateur un peu exigeant.