Après la saga Twilight, voici donc la nouvelle adaptation au cinéma d’un roman de Stephenie Meyer. Plus de vampires ni de loups-garous : Les Âmes vagabondes est un récit de S.F. comme on en a lu et vu beaucoup depuis The Puppet Masters (1951) de Robert A. Heinlein et Invasion of the Body Snatchers (1956) de Don Siegel. Notre bonne vieille Terre est la proie d’une invasion extraterrestre dont les représentants, une sorte d’amibes luminescents, ont colonisé les corps de la population humaine. Seules demeurent quelques poches de résistance dont fait partie Melanie (Saoirse Ronan). La jeune fille est rattrapée par une « traqueuse » (Diane Kruger), à l’œuvre pour capturer les derniers humains. Un alien est aussitôt inoculé dans le corps de l’héroïne, pourtant, exceptionnellement, l’esprit de celle-ci ne meurt pas, et les deux consciences, humaine et extraterrestre, vont cohabiter (et dialoguer) dans la même enveloppe.

Je n’ai pas lu le roman d’origine qui, paraît-il, est plus dense que ce long métrage squelettique et, pour tout dire, démodé signé Andrew Niccol (Bienvenue à Gattaca, Time Out). On ne nous raconte rien de l’invasion elle-même, déjà achevée lorsque débute l’histoire. C’est une première frustration, et on n’est pas au bout de nos peines. Séduite par la singularité de l’âme humaine, l’extraterrestre, qui se fait appeler « Wanderer », change de camp et épouse la cause des opprimés. Fuyant notre monde aseptisé par les extraterrestres (en clair, les amibes ont changé les USA en Union soviétique postmoderne, avec magasins d’état, architecture et mobilier design !), Melanie/Wanderer prend/prennent la poudre d’escampette. Après une fuite en voiture et un quadruple tonneau à pleine vitesse dont elles ressortent indemnes (!), les filles trouvent refuge dans la communauté dont est issue Melanie, quelques poignées d’humains vivant en troglodytes, planqués dans un réseau de grottes souterraines et dirigés par Jebediah, le « Doc », patriarche barbu et bienveillant.

Évidemment, on compte sur Diane Kruger et ses sbires pour venir mettre la pagaille chez les néo-Amish, mais il va falloir se faire une raison : soucieux de ne raconter qu’une bluette pour ados, Niccol coupe court à tout récit de course poursuite. Alors que la traqueuse, au lieu de se lancer dans une chasse effrénée, se contente de serrer la mâchoire en fixant l’horizon d’un air pénétré, Melanie/Wanda (rebaptisée par le Doc) connait les affres d’un triangle amoureux. Jared, le petit copain de Melanie, est toujours épris de sa fiancée, tandis qu’Ian, un autre jeunâtre-bellâtre, se met à en pincer pour Wanda. On a envie de tirer la sonnette d’alarme, histoire de rappeler à ce petit monde que ces foutus aliens sont partout, que la survie de l’espèce humaine est en jeu. Mais non, rien ne se passe, et le film tourne le dos au moindre suspense pour nous infliger des déballages de sentiments interminables et solennels sur fond de soleil couchant. Le foutage de gueule atteint un paroxysme insoupçonné lorsque Wanda, pour sauver un gamin blessé, retourne en ville au mépris du danger pour subtiliser un remède-miracle à ses congénères (un Dermaspray qui soigne tout en un clin d’œil !). L’expédition dure deux minutes, le temps pour Wanda d’ouvrir une armoire vitrée, de remplir son sac de vaporisateurs et de mettre tranquillement les bouts sous le regard écarquillé d’une toubib ! Une prise de risque sans conséquence sur la suite de l’histoire, une absurdité comme le film tout entier qui, à l’image de Numéro Quatre, il y a deux ans, ne laissera à coup sûr aucun souvenir sitôt qu’il sera retiré de l’affiche.

Film sorti le 17 avril. Cliquez ici pour retrouver extraits et bande annonce.