Diana est une sorcière, Matthew est un vampire. Un pacte entre les créatures (démons, sorcières, vampires) leur interdit de s’aimer. Pourchassés par de multiples ennemis ils se réfugient dans le Londres de 1590 afin d’échapper à leurs adversaires et d’en apprendre plus sur le mystérieux manuscrit qui a tout déclenché, l’Ashmole 782. Mais si Diana doit tout apprendre pour s’intégrer au 16ème siècle, Matthew y a déjà vécu en tant que Matthew Roydon, membre du groupe de penseurs, poètes et scientifiques connu sous le nom de « l’école de la nuit ».

N’ayant pas lu le 1er volume, c’est avec ces seuls éléments que je suis entrée dans « L’école de la nuit », et même si de temps en temps j’ai ressenti qu’il me manquait quelques informations cela n’a en rien gêné ma lecture.

Une lecture qui se fait à plusieurs niveaux. L’intrigue est plutôt classique: un amour interdit, pas trop cucul, une quête, un apprentissage (Diana découvre ses pouvoirs de sorcière et se tourne vers ses consœurs du 16ème siècle pour la former), des rebondissements qui rendent la lecture très agréable et sans temps mort. Et puis il y a une dimension supplémentaire : Deborah Harkness est une historienne. Elle intègre des personnages historiques et des événements réels à sa fiction et donne une relecture de l’Histoire emballante. Par exemple, les chasses aux sorcières qui ont embrasé l’Europe deviennent un enjeu politique, résultat d’un rapport de force entre humains et créatures. Le dramaturge Christopher Marlowe est un démon, on y croise John Dee, l’astrologue de la reine Elizabeth et Edward Kelley, on évoque Giordano Bruno, et qui était Ashmole? On se croirait dans une version plus « grand public » des fascinants romans de John Crowley (Aegypt, Amour et sommeil et Daemonomania – non encore traduit en français). La crème de l’ésotérisme de la fin du 16ème siècle côtoie les deux amants. On peut lire leurs aventures d’une main tandis que de l’autre on navigue au gré de moteurs de recherches et encyclopédies diverses. Chaque nom cité donne envie de lire dix autres livres, de remonter des généalogies, de trouver les tableaux évoqués, ou les portraits des personnages réels croisés. On aperçoit dans une rue de Londres une ancêtre de Sarah, dont la progéniture sera impliquée un siècle plus tard dans les procès en sorcellerie de Salem.

Un livre qui se dévore, à l’écriture fluide et à l’intrigue un peu convenue mais prenante. Un excellent moment de lecture, qui ne s’achève pas une fois le livre terminé, puisqu’il rend gourmand et curieux.