Nous sommes en 1516, et deux jeunes gens que tout semble éloigner vont se retrouver associés dans une incroyable histoire de sorcellerie à laquelle pourraient bien être mêlés Charles Quint, héritier de la couronne d’Espagne, et l’ordre de la Toison d’or. Les deux protagonistes sont Luis Vives, disciple d’Erasme qui va le mander comme précepteur du neveu du sieur de Chièvres, et Céleste, jeune sorcière aux origines mystérieuses qui va bientôt être jetée sur les routes par les siens pour accomplir une mission dont elle ne mesure pas l’ampleur.
 
Si ce court résumé vous semble un peu touffu, ne vous y trompez pas, on est tout de suite plongé dans l’aventure et pris par l’intrigue que Juan-Miguel Aguilera tisse avec un talent consommé. C’est avec délice et maestria qu’il va nous emmener du cabinet d’Erasme à l’atelier de Gérôme Bosch, nous faisant rencontrer Charles Quint et Ignace de Loyola, nous plongeant dans la peau de Luis Vives, nous dressant enfin un paysage documenté de l’Europe du XVIème siècle et de ses mœurs.
Comme toujours chez Aguilera, Histoire et fantastique s’entremêlent avec jubilation, mais l’expérience se sent dans cet ouvrage, et la personnalité de l’auteur s’affirme, se détachant de ses influences. Le mélange des styles est plus fluide que dans La folie de Dieu et les personnages plus attachants aussi. Notons que, à quelques hispanismes près, la traduction est particulièrement soignée.
 
Pour faire court, Le sommeil de la raison est à mes yeux LE chef d’œuvre de Juan-Miguel Aguilera qui ravira tout autant les amateurs de fantastique que de roman historique. Pas d’hésitation à avoir, que du bonheur à dévorer au fil des pages !