Comme souvent lorsqu’il est question des films fantastiques francophones, Le Scaphandrier est né d’une bonne intention : jamais jusqu’ici le cinéma québécois n’avait produit de slasher, alors Alain Vézina (auteur d’une adaptation de La Morte Amoureuse de Gauthier et de plusieurs documentaires sur les catastrophes maritimes) s’est lancé dans l’aventure. Son scénario rappelle Fog de John Carpenter, avec une petite communauté rurale au bord de l’océan aux prises avec un élément maléfique surnaturel. L’un après l’autre, des habitants du village sont massacrés par un tueur en tenue de scaphandrier. Une jolie journaliste mène l’enquête, bientôt secondée par le jeune conservateur du musée local.

Vézina connaît bien son sujet : rien ne manque dans cet hommage rétro aux classiques du genre, qui se distingue principalement par son absence totale de cynisme. L’auteur a foi en ce qu’il raconte, il n’est pas question pour lui de donner dans le méta-cinéma à demi parodique façon Scream. C’est la force du film autant que sa faiblesse : en 2015, il n’est pas évident de suivre sans sourire ni bâiller cette histoire somme toute plan-plan, au rythme tranquille, et dont la mise en scène n’est jamais novatrice. La quête de la vérité des héros passe par de longues scènes dialoguées pas toujours bien jouées et qui donnent à l’intrigue, fort simple, des contours faussement tarabiscotés. Le plus gênant s’avère malgré tout le personnage central du film, le fameux scaphandrier. Dès qu’elle apparaît dans le champ, la créature sous casque, avec ses semelles plombées et sa respiration lourde, n’évoque pas vraiment les grands croquemitaines du cinéma US, mais plutôt le tueur au masque de soudeur de Red is Dead, le slasher pour rire imaginé par Les Nuls pour les besoins de leur film La Cité de la peur. Je sais que la comparaison est cruelle, que, pour le coup, mon esprit cynique l’emporte et que c’est un peu vache pour Vézina et toute l’équipe impliquée dans le film. Faites-vous donc votre opinion quand le film sortira en France, vraisemblablement en DVD.