Ulser est un chevalier désoeuvré. Le père de sa promise la lui refuse tant qu’il n’aura pas accompli d’exploit digne de son rang, or nul dragon, nulle terrible armada, nul monstre, nulle quête ne se profile à l’horizon. Lorsqu’il se rend chez la sorcière Mercédès, il est bien loin de se douter de la suite des évènements au cours desquels il devra braver sa peur et s’allier à un singulier voleur ainsi qu’une belle et dangereuse amazone, tandis que Mercédès devra faire taire ses rancunes pour s’associer à son ex-mari.
 
Voilà une quête initiatique traditionnelle, mais traitée au second degré. Chaque personnage, chaque élément est respecté, jusqu’au cliché, mais systématiquement tourné en dérision ou pris à contre-emploi. On pourra regretter qu’il ne s’agisse que d’une parodie et non d’un jeu sur les codes comme le fait Pratchett, ou récemment Johan Heliot chez le même éditeur ; mais c’est une question de goût. La qualité de l’écriture est toujours aussi soignée chez Pierre Grimbert, et les personnages, quoi que comiques, sont dotés d’une véritable personnalité et d’une épaisseur indéniable.
 
Pierre Grimbert a su faire de la fantasy assez classique mais en s’en appropriant les codes. Cette parodie est assez réussie, mais manque de personnalité et de corps. Si Pierre Grimbert souhaite se lancer dans la comic fantasy, il lui faudra encore un temps de maturation, mais nul doute qu’il nous offrira quelques perles du genre.