Depuis ses débuts dans le classique de John Carpenter, Michael Myers a ensanglanté trois décennies de fêtes d’Halloween. Le massacre n’est pas près de s’arrêter… You can’t kill the bogeyman !

La Nuit des masques
Contacté en 1978 par les producteurs Irwin Yablans et Moustapha Akkad, qui avaient adoré son western urbain Assaut (1976), John Carpenter accepta d’assurer l’écriture et la mise en scène d’un film d’épouvante qui, selon le cahier des charges, devrait se dérouler le soir d’Halloween et avoir autant d’impact que L’Exorciste, sorti en 1973.
Carpenter et sa compagne Debra Hill rédigèrent le script d’Halloween (en français La Nuit des masques) en s’inspirant de l’ancienne fête celtique de Samhain, durant laquelle les âmes des morts, dit-on, reviennent tourmenter les vivants. Sous leur plume, le Mal s’incarne dans la haute silhouette de Michael Myers, tueur mutique échappé de l’asile, au visage dissimulé par un masque. Suivant un souhait de Yablans, les deux scénaristes jettent un trio de baby-sitters sous la lame du croquemitaine. Parmi elles, la vierge Laurie Strode, interprétée par Jamie Lee Curtis. Viendra à son secours le Dr Loomis (Donald Pleasence), psychiatre et Van Helsing moderne voué à la destruction de Myers…
 
 
Quand il n’épouse pas le point du vue du tueur (par le biais d’une caméra subjective accompagnée d’un souffle lourd), Carpenter isole les victimes dans le cadre en Scope et fait surgir la menace à l’arrière-plan. Des stratégies de la peur qui feront école: la mise en scène d’Halloween sera copiée dans tous les massacres sur pellicule perpétrés suite au succès du film, de Vendredi 13 (1980) aux Griffes de la nuit (1984), sans oublier Scream, trilogie grand public(1996, 98, 2000) où Wes Craven accumule, à des fins de parodie, tous les codes du genre « slasher » établis par le film de Carpenter.
 
Longue est la nuit…
En 1981, l’Italien Dino de Laurentiis rachète les droits d’Halloween en vue de produire une suite. Carpenter cède la caméra à Rick Rosenthal mais consent à rédiger le scénario, qui reprend l’histoire à la minute où s’achevait le premier film. « J’ai accepté d’écrire Halloween 2 par souci de maintenir un certain niveau de qualité », explique-t-il aujourd’hui. Le cinéaste était cependant conscient que l’œuvre d’origine se suffisait à elle-même, et se risqua à relancer l’intrigue en inventant un lien de parenté surréaliste entre Myers et la survivante Laurie, qui se retrouvent frère et sœur ! Tous deux s’affrontent dans un hôpital où, l’espace d’une nuit, le taux de mortalité va grimper en flèche… Parfaitement « raccord » avec La Nuit des masques, Halloween 2 n’est tout de même qu’une suite superflue aux péripéties répétitives. Les plus cinéphiles peuvent y trouver leur compte en s’amusant à repérer les allusions du script aux films de Dario Argento – qui avaient en partie influencé Halloween –, notamment Suspiria (1977) et le giallo Profondo rosso (1975), objet de clins d’œil appuyés.
 
 
Hey, where’s Michael?
Pensant avoir épuisé le potentiel du tueur masqué, Carpenter et Debra Hill acceptèrent de reprendre le stylo en 1982 à la condition de pouvoir passer à tout autre chose. Feu vert de la production, mais le cœur n’y était plus: filmé par Tommy Lee Wallace, Halloween III: le Sang du sorcier,sans Michael Myers, s’avère être une histoire grotesque de masques d’Halloween piégés. Un échec commercial inévitable, que Carpenter mettra en partie sur le dos du public: « Je pensais que les spectateurs auraient envie de nouveauté, mais ils voulaient juste revoir Michael… »
 
  

Suivront cinq autres Halloween, très inégaux, sans que Carpenter soit impliqué. Myers y fait son retour, tout comme le Dr Loomis (jusqu’à l’épisode 6, en 1995, et le décès de Donald Pleasence). Jamie Lee Curtis reviendra elle aussi, dans le rôle de Laurie, à la faveur d’Halloween: 20 ans après(S. Miner, 1998) et Halloween: Resurrection (R. Rosenthal, 2002), métrages plan-plan réalisés dans la foulée et dans le style très lisse de la série des Scream