Deux hommes et deux femmes, quatre personnalités que tout sépare. Brytomarte est une combattante d’élite, sa haine pour la gente masculine est gravée dans sa peau ; Eringvard est un fier guerrier du Nord issu de la passion éphémère d’une fée pour un homme ; Syrmaïl officiellement mage passe surtout son temps à fouiller les archives de son académie ; Cythèle la grande prêtresse de Plutonis, le Dieu des morts, consacre sa vie à son culte au point de lui sacrifier son œil.
Quel événement peut bien les pousser à se rendre le même jour dans une auberge et à se reconnaître au premier regard ? La vision de leur mort atroce au cours de chaque rêve ? L’étrange mal qui les consume à l’aube de leur trente-et-unième année ?
Leurs destins semblent liés, la réponse se trouvera au bout de leur voyage dans l’étrange village de Corollis si tant est qu’ils arrivent à destination et survivent à ce qu’ils vont découvrir.
Au premier abord « Le dit de Cythèle » peut effrayer. L’ouvrage est imposant, il s’agit du premier tome d’une tétralogie, et les premières pages donnent le ton : Nicolas Cluzeau maîtrise la langue française. Le vocabulaire est choisi avec soin, les conjugaisons utilisent presque toute la palette à disposition, les tournures de phrases sortent de l’ordinaire.
Et puis très vite tout cela passe au second plan. Le style est au service d’un texte qui plonge le lecteur dans l’aventure aux côtés des personnages. Le vocabulaire permet de réellement voir chaque paysage, de ressentir chaque émotion. La longueur du roman donne le temps de créer quatre personnalités complètes et complexes.
Les personnages ne vont pas se battre contre des cohortes de monstres, mais contre eux-mêmes, contre leurs passés, leurs souvenirs, leurs non-dits, leurs secrets les plus terribles. Le titre est construit comme un thriller, avec des scènes crues et violentes et une angoisse qui va crescendo jusqu’à la conclusion.
L’effort demandé pour aborder ce roman est largement compensé par le plaisir.