M. Night Shyamalan avait créé l’événement, en 1999, avec le (mélo)drame fantastique Sixième Sens. Un film qui, dans sa forme, était on ne peut plus classique mais qui reposait sur deux atouts majeurs : un fin à chute réellement surprenante et la composition d’un Bruce Willis pour une fois débarrassé de ses flingues, qui excellait dans un contre-emploi tout en nuances.

Mais bon, c’était en 1999. Depuis, Monsieur Nuit a signé un excellent film et un seul, Incassable (2000), toujours avec Willis (et toujours sans flingues), ainsi qu’une tentative de S.F. à moitié réussie, Signes (2002), où Mel Gibson fait une rencontre du troisième type en pleine cambrousse ricaine. Pour le reste, eh bien, on navigue de la bluette gratinée (La Jeune Fille de l’eau, 2006) au foutage de gueule carabiné (Le Village, 2004, avec ses monstres de Mardi gras et dont le twist final, contrairement à Sixième Sens, s’avère invraisemblable). Enfin, en 2008, le discours écolo de Phénomènes n’a pas non plus convaincu et on n’attendait plus grand-chose d’un nouveau film de Shyamalan…

Pur film de studio, adapté d’une série d’animation US pour les kids (Avatar : The Last Airbender, 2005-08), Le Dernier Maître de l’air ne redore pas le blason de son réalisateur. Le film avait pourtant le potentiel pour devenir un équivalent pour enfants du Seigneur des anneaux, mettant en scène un monde de fantasy où la population se divise en quatre nations, celles de l’Air, de la Terre, de l’Eau et du Feu. Chaque royaume possède la maîtrise de son élément, et seul l’Avatar, sorte d’Élu en communication avec le monde des Esprits, garant de l’équilibre du monde, est capable de plier les quatre éléments à sa volonté. Mais il y a cent ans, l’Avatar, dans sa nouvelle réincarnation (un jeune maître de l’Air prénommé Aang), a disparu, laissant le champ libre aux ambitions de conquête de la belliqueuse Nation du Feu… Lorsque Aang refait surface, il s’attire la sympathie et le concours de Katara et Sokka, deux jeunes maîtres de l’Eau. La Nation du Feu à leurs trousses, les trois héros se lancent dans un périple initiatique où ils vont faire l’expérience du danger, de l’amour, de la trahison…

Récit d’apprentissage, Le Dernier Maître de l’Air se destine aux jeunes spectateurs, et il n’y aurait bien sûr aucun mal à ça si le film se donnait tout simplement les moyens de raconter son histoire. Or ce qui apparaît à l’écran n’est qu’une grossière ébauche, par la faute d’un montage aberrant faisant défiler les scènes au mépris de toute cohérence narrative. Le film semble n’être qu’une longue bande annonce, une sorte de zapping où l’épopée se résume à 90 petites minutes. On saute en permanence d’un décor à un autre, d’un groupe de personnages à un autre, sans aucune transition ni développement, comme si une bonne moitié du métrage était restée dans un placard de la salle de montage. Même certains dialogues semblent interrompus en plein milieu, les personnages ouvrant la bouche pour prononcer des paroles qui ne viendront pas !

Qu’un long métrage au budget conséquent produit par un grand studio (Paramount Pictures) puisse être à ce point frustrant, mal fichu, affligé de défauts dignes d’une série Z, est pour moi une énigme. Shyamalan a déclaré avoir voulu tourner ce film pour ses deux filles, fans de la série d’animation. Je doute que pour les fêtes, il demande au Père Noël de leur glisser un exemplaire du dvd sous le sapin !

Dvd et blu-ray sont disponibles depuis le 30 novembre.

Caractéristiques techniques du dvd :

Image : 2.35, 16/9 compatible 4/3
Son : Anglais et français, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, anglais, néerlandais
Durée : 1h39
Suppléments : Les Origines de l’Avatar, Scènes inédites, bêtisier.

Ci-dessous, deux vidéos making of promotionnelles où tous les intervenants tentent de nous convaincre qu’ils ont pris part au film le plus fabuleux de l’histoire du cinéma…