Le dernier hiver, de Jean-Luc Marcastel, est une des dernières parutions des éditions Hachette Jeunesse. C’est une belle surprise de découvrir dans la collection « Black Moon » un auteur français, d’autant plus apprécié (la série Louis le Galoup, aux éditions Nouvel Angle, est de qualité), alors qu’on y trouve habituellement davantage d’écrivains américains habitués aux best-sellers à la chaîne.

Il y a beaucoup à dire sur Le dernier hiver, qui n’est résolument pas un roman comme les autres. Beaucoup à dire, alors même qu’il serait dommage de trop en révéler. Et puis il y a la peur de ne pas trouver les mots justes pour expliquer à quel point il ne faut absolument pas passer à côté de ce livre car ce serait passer à côté d’un des meilleurs romans de l’année.

Tout commence en 2035. En plein mois de juillet. Et pourtant il fait -31°. Car si l’action se passe dans un futur proche, le monde n’a plus rien à voir avec celui qui est le notre aujourd’hui. Sur terre, c’est l’éternel hiver. Il devient difficile de vivre convenablement, de se chauffer et de se nourrir. Le danger principal vient des arbres. La Malesève est le nom donné à la forêt de pins qui envahit toutes les terres. Des pins dangereux, tueurs, carnivores. Dans ce monde post-apocalyptique dont les causes sont obscures, vit Johan, le personnage principal du roman. Doux rêveur, il est amoureux de Léa. Son frère, Théo, a déserté l’armée pour revenir à Aurillac. Les mauvaises nouvelles s’enchaînent de jour en jour. La dernière en date : le gouvernement a décidé de fuir. Puis Léa et sa famille sont partis d’Aurillac pour rejoindre Bergerac, où peut-être est-il possible de mener une vie différente. C’est le choc pour Johan qui voit son cœur se briser. Il décide de partir la retrouver même s’il faut défier la forêt de pins, même s’il faut défier la mort. Il ne sera pas seul dans sa quête mais accompagné de son frère, de Khalid ou encore de Fanie, éperdument amoureuse de Johan mais sans espoir d’être aimée en retour. Un voyage non sans danger mais un voyage qui va changer leur vie à jamais. 

Si Le dernier hiver est un excellent roman d’anticipation, il est surtout un roman sur l’Homme, sur l’être humain. Avec Jean-Luc Marcastel, tout est possible. Une histoire d’amour entre Khalid le musulman et l’israëlite Sarah, un panel de sentiments très riche, des situations étonnantes, un soupçon de fantastique, un mélange de violence et d’amour. Tout cela en un seul roman ! Le lecteur n’est jamais amené là où il pense aller. Apparemment, Jean-Luc Marcastel ne connaît pas l’évidence et la facilité. On ne peut deviner ce qui va arriver aux jeunes héros. On est dans la découverte, dans la stupéfaction page après page. On a peur, on ferme à demi les yeux comme on le ferait en regardant un film qui nous effraie, mais parfois aussi on rit et on peut même se laisser aller à pleurer. A la fin, le lecteur est comme essoufflé, épuisé qu’on ait joué autant avec ses émotions.

En quelques mots, en quelques pages, on a oublié tout le monde alentour pour ne vivre qu’avec nos héros, quelque part entre Aurillac et Bergerac avec des températures qui approchent les -30°. A se ronger les ongles. A s’abimer les yeux. A espérer sans cesse. Oui, c’est bien ça la magie de la lecture.