La collection Black Moon est principalement composée de livres fantastiques. Parmi les titres les plus connus, on y trouve bien sûr la série Twilight, mais aussi bien d’autres ouvrages qui découlent directement du phénomène. Et puis, il y a Le cueilleur de fraises de Monika Feth. Traduit de l’allemand, c’est un roman policier destiné aux grands adolescents. On se demanderait presque ce qu’il fait là, perdu parmi les autres titres de la collection. Mais qu’importe les raisons, l’essentiel est qu’il soit parvenu jusqu’en France. Jouissant déjà d’un succès louable à sa sortie en 2008, puis les mois après grâce au bouche à oreille, le voici désormais en format poche.

Le cueilleur de fraises, c’est d’abord l’histoire de trois amies colocataires. Parmi elles, Caro, à la fois forte et fragile. Enfin, elle est tombée amoureuse, mais ses amies ne savent rien de l’heureux élu, de celui qui a réussi à redonner le sourire à l’écorchée vive. Puis, un jour, c’est le drame. Caro a disparu, Merle et Jette vont au commissariat. Un corps doit être identifié. Il s’agit de celui de Caro. Pas de doute, elle a été assassinée. Il faut désormais que les jeunes filles fassent le deuil. Jette est anéantie, mais surtout en colère. A l’enterrement de sa meilleure amie, elle jure vengeance devant toute l’assemblée. Elle défie l’assassin: elle le trouvera. L’assassin, c’est Gorge ou Georg ou Gorg, selon les personnes. Il est bien décidé à jouer au jeu dangereux de Jette. Il décide de la séduire.

Monika Feth aime jouer avec nos nerfs ! Le cueilleur de fraises est un roman policier haletant, comme on aimerait en lire plus souvent. Il est aussi original. On connaît le meurtrier dès le tout début de l’histoire, et pourtant le suspense est toujours entretenu. Original aussi dans la narration. Jette est au centre de l’histoire, son récit se fait donc à la première personne. Tout autour d’elle se greffent des personnages tout aussi importants, comme sa mère, auteur de romans policiers, Merle, son amie et colocataire, Bert, le commissaire chargé de l’affaire et enfin Gorg, l’assassin. Le lecteur est ainsi confronté à différents point de vue, exposés à la troisième personne. Connaître les pensées les plus profondes du meurtrier met parfois mal à l’aise mais c’est certainement le but recherché. Le cueilleur de fraises est aussi un roman sur la violence. Caro et Gorg ont eu des enfances difficiles, ils ont connu la violence et l’indifférence. Finalement, on en voit les différentes conséquences. Et puis, on n’est pas en reste en matière de références. En lisant Le cueilleur de fraises, on pense forcément à Dr Jekyll et Mr Hyde de Stevenson, ou plus encore au livre Le parfum de Süskind.

Un roman passionnant, original, à l’écriture riche, avec une pointe d’angoisse et beaucoup de suspense. Que demander de plus ? Une suite ! Qui est déjà parue en format poche, et qui s’intitule Le Peintre des visages.