Attention, évitez de lire cette chronique si vous n’avez pas encore découvert le tome 1 !

Le deuxième volet des aventures d’Hazel et de ses amis. Nous sommes toujours à bord du Daedalus, une énorme arche spatiale à bord de laquelle voyagent les derniers humains de l’univers. En route vers la promesse d’une lointaine planète habitable, les occupants du Daedalus, 900 ans après que le vaisseau a quitté la Terre, sont désormais au fait de leur terrible sort : depuis plusieurs siècles, des extraterrestres ont pris les commandes de l’Arche et tirent en coulisses toutes les ficelles de l’existence à bord. Mais c’était compter sans la sagacité et le courage de notre héroïne, qui a révélé la supercherie montée par les aliens. L’existence des « yis » étant avérée, comment faire à présent pour s’en débarrasser ?

Travailler, se reproduire, travailler encore puis finir au rebut, génération après génération, le tout sous la gouvernance d’êtres aux visées néfastes. C’était donc le lot des passagers de l’Arche jusqu’à la rébellion salutaire d’Hazel. Une situation transposable métaphoriquement dans nos sociétés terriennes actuelles, où la concentration du pouvoir (entendons le pouvoir économique) est extrême, et où les masses d’individus productifs s’activent à engraisser la petite fraction de la population constituée de milliardaires, les seuls vrais décisionnaires de la marche du monde. À l’échelle du microcosme de l’Arche, le problème est peut-être plus facile à résoudre, quoique les yis et leurs « reines-cerveaux » constituent une sacrée calamité qui nécessite, entre autres, pour l’éradiquer de se lancer à la reconquête de parties depuis longtemps inexplorées du vaisseau.

Après un démarrage un rien laborieux où le récit patine un peu, le roman trouve son rythme de croisière dès lors qu’Hazel, son jeune frère Frazer et leur poignée d’amis quittent à nouveau leur village à la faveur d’une mission d’exploration. Au gré des pérégrinations du groupe de teenagers aventureux, et même si l’auteur n’est pas avare de descriptions, on est quand même un peu gêné de ne pas pouvoir appréhender pleinement la géographie générale du vaisseau, une structure gigantesque qui se mesure en kilomètres, subdivisée en une multitude d’étages et de coursives. Et il n’est pas simple non plus d’avaler le fait que les milliers d’humains à bord du Daedalus, désormais conscients du danger, laissent leur destin entre les mains d’une petite bande d’adolescents. Acceptons cela gentiment comme une convention de la littérature « young adult »/jeunesse. On retrouve sinon avec plaisir John, l’intelligence artificielle pleine d’à-propos qui habite le bracelet d’Hazel, et les meilleurs chapitres font entrer en scène une dénommée Joséphine, dont on taira la nature pour ne rien gâcher de la lecture. Les volontaires pour un ultime voyage pourront s’embarquer dans le troisième et dernier tome, sans doute dans nos librairies françaises dans le courant de l’année prochaine…

En librairie depuis le 6 septembre 2023.