La mère de Daze est décédée trois ans plus tôt. Difficile d’être une jeune fille heureuse et insouciante lorsque l’on vit avec un tel poids sur les épaules et que l’on a beaucoup de responsabilités à assumer. Daze s’occupe de son petit frère Ryan la grande majorité du temps. Leur papa, checheur universitaire en robotique, ne trouve pas toujours le temps ni la force d’instaurer un nouvel équilibre familial. Un jour, alors que Daze rend visite à son père à l’université, elle entend la voix de sa mère qui lui parvient d’un bureau. Intriguée, la jeune fille multiplie les visites à la faculté et pénètre enfin dans la pièce où elle découvre la tête de sa maman, branchée à un ordinateur. D’abord effrayée par cet androïde dont le visage, la voix et les expressions sont identiques à ceux de sa mère décédée, Daze devient vite dépendante des moments passés à converser avec lui. Car même s’il s’agit d’un robot, il est rassurant pour Daze de penser que sa maman n’a pas totalement disparu. Mais cette situation ne peut durer très longtemps et elle n’est pas sans conséquence…
L’auteur, Rune Michaels, est connue pour avoir écrit Genesis Alpha, paru aux éditions Milan en 2008. On retrouve dans ce livre-ci, La voix derrière la porte, paru dernièrement aux éditions Casterman, les thèmes qui lui sont chers : la science et la psychologie. L’intelligence artificielle est un sujet fortement développé et le lecteur est amené à réflechir sur ses bienfaits mais aussi ses répercutions. Cependant, il s’agit surtout d’un roman sur le deuil. Comment surmonter la mort d’un être cher ? Comment se reconstruire ? Daze est une jeune adolescente touchante, fragile, à fleur de peau, qui doit contenir sa colère en plus de sa peine. Les circonstances de la mort de sa mère ne sont réellement dévoilées qu’à la fin du roman et l’on réalise encore davantage l’ampleur des difficultés que doit surmonter Daze. Les autres membres de la famille sont aussi très bien dessinés : le père, perdu, maladroit, longtemps dévasté par la mort de sa femme mais qui est sur le point de refaire sa vie, et Ryan, le petit frère, dont les souvenirs s’estompent. La perte. La douleur. La survie. La mémoire. La reconstruction. Autant de sentiments, de situations et d’étapes à franchir dans la vie de cette famille.
L’histoire est rocambolesque. Le manque d’explications quant à la création et le fonctionnement de l’androïde rend certains faits et évènements peu crédibles. Les ficelles de la narration sont un peu trop grosses. Mais le livre mérite d’être lu. Le portrait de cette famille est touchant, les problèmes soulevés sont intéressants et la complexité des sentiments très bien analysée. Un roman psychologique plus qu’un roman de science-fiction. Un texte qui interpellera bon nombre de lecteurs.