Renée et René Twain, « siamois parfaits » puisqu’ils contrôlent à tour de rôle un corps unique, dirigent l’agence Twain Peeks. Non contents de gérer leur vie privée pour le moins complexe, ils combattent l’écrasante corruption qui règne à Tourmens (ville fictive du centre de la France). Détectives hors pair, les René(e)s n’ont fait qu’une bouchée de la sombre affaire des disparitions de top models (tome 1). Mais l’amputation d’un doigt n’a pas suffi, il fallait enlever toute la main, voir même le bras… En d’autres termes, les vilains n’ont pas pris leur retraite ! Qu’à cela ne tienne, nos siamois font preuve d’une sagacité hors du commun, et l’affreux maire Esterhazy, capable de toutes les bassesses pour exproprier le prolétariat, n’a qu’à bien se tenir.
Martin Winckler est un amateur avisé de séries télévisées ; la trilogie Twain est présentée comme un hommage au genre. Mais pourquoi diantre s’appuie-t-il sur les rouages de Dallas alors que sa référence affichée, celle contenue dans le nom des héros et de leur agence, est Twin Peaks ?
L’intrigue est inutilement alambiquée car terriblement prévisible. Pourtant, avec des personnages à la psychologie fouillée, le scénario aurait pu prendre de l’ampleur. Mais de psychologie, il n’y en a pas : un prénom, un nom de famille, le tout collé sur un stéréotype d’humain. Et comme dans toute bonne série B, des personnages, il y en a un nombre incalculable. On finit même par se demander qui est qui. Le plus horripilant de cette bande de pantins, c’est le maire lui-même. Son désir de « nettoyer au jet » les quartiers pauvres ne cachent rien de la source d’inspiration de l’auteur. Mais la caricature est si prononcée qu’elle en perd tout intérêt.
Martin Winckler nous livre peut être un roman de gare acceptable, mais lorsqu’on s’attend à autre chose, la lecture est éprouvante.