Il y a maintenant plus de dix ans que le monde a explosé. Personne ne sait ce qui s’est passé. Ceux qui ont survécu se souviennent d’un gigantesque éclair aveuglant et puis plus rien. Plus d’énergie, plus de végétation, plus de nourriture… Les derniers survivants rôdent dans un monde dévasté et couvert de cendre qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut. C’est dans ce décor d’apocalypse qu’un père et son fils errent en poussant devant eux un caddie rempli d’objets hétéroclites – le peu qu’ils ont pu sauver et qu’ils doivent protéger. Ils sont sur leurs gardes, le danger guette. L’humanité est retournée à la barbarie. Alors qu’ils suivent une ancienne autoroute menant vers l’océan, le père se souvient de sa femme et le jeune garçon découvre les restes de ce qui fut la civilisation.

La Route est un film particulièrement compliqué à critiquer parce que c’est un road-movie tout en émotion et en finesse qui se rapproche fortement de Into the Wild (en beaucoup moins réjouissant cependant).

Ce qui frappe d’abord ce sont les décors naturels vraiment réalistes dans le style apocalyptique. Il est certain que le tournage n’a pas dû être facile pour les acteurs. Comment réagirait-on si le monde devenait comme cela? La faune et la flore sont complètement inexistantes. Le silence recouvre tout ainsi que la poussière et la boue.




Tout le film repose sur une certaine ambiance, des dialogues taillés sur mesure et surtout une forte relation père-fils. Plus qu’un film sur la fin du monde (qui n’est qu’un prétexte à l’histoire), La Route raconte l’histoire d’un père et son fils qui tentent de survivre dans un monde anéanti où les rares êtres humains restants sont devenus cannibales. Contrairement à ce qu’on a pu dire, le film ne traite pas du cannibalisme. Il s’interroge seulement sur la réaction possible des humains si un tel cataclysme survenait.

Plus qu’une suite d’actions et d’évènements, le film s’intéresse surtout à la relation entre le père et le fils. L’enfant ne connaît rien du monde d’avant puisqu’il est né alors qu’il s’était déjà éteint. Le père essaye de lui raconter les histoires d’avant ou lui montre les objets du passé comme la scène où il lui fait goûter un Coca-Cola. Ensemble ils doivent survivre à la nature hostile, à la soif, à la faim et au froid.


Jamais tranquilles ils passent leur temps sur les routes désertiques à chercher des abris décents pour se protéger. Et parce que ce père tient à tout prix à protéger son enfant, il en devient complètement parano: le peu d’êtres humains croisés deviennent “les méchants” et seuls eux deux sont les “gentils”. Le père refuse d’aider le pauvre vieillard qu’ils croisent (Robert Duval, tout simplement touchant) et il faudra l’intervention de son fils pour lui offrir à dîner. C’est un des passages les plus tristes du film.


Puis le père perd le contrôle lorsqu’un homme vole leur charriot et c’est nu que le pauvre homme devra repartir déposséder des seuls biens qu’il avait.


Les réactions et attitudes de ce père sont-elles vraiment condamnables? Certes pas, mais on ressent quand même une grande tristesse pour ces pauvres gens qui n’ont rien à voir avec les cannibales.

Malgré l’ambiance calme et très mélancolique, l’ensemble reste très tendu jusqu’au bout et les quelques scènes d’action augmentent la tension dramatique à un très haut point. Le film est plein de mélancolie, mais aussi de poésie et de messages humanistes. Le tout est brillamment porté par Viggo Mortensen, cet acteur exceptionnel qui croit en son rôle et qui s’implique complètement.


Il est méconnaissable (amaigri, voûté et boiteux, barbu et sale) et pourtant toujours aussi juste, percutant et émouvant. C’est un père torturé et malade de surcroît qui aime par-dessus tout son fils qu’il considère comme un ange. Le fils fait une belle performance même si je l’ai trouvé parfois moins juste.


Son envie de rapport humain est importante et malgré son amour pour son père, il sait qu’il commence à aller trop loin. Le film se concentre beaucoup sur Mortensen et c’est LE personnage attachant du film.

Hillcoat porte un vrai regard sur la nature des relations entre les êtres humains. Pour certaines personnes, le film paraîtra peut-être long et dénué d’intérêt, mais l’immense émotion qu’y s’en dégage ne pourra pas laisser insensible.

CONCLUSION
La Route est sans contexte (pour moi) le meilleur film de l’année. Il mérite des Oscars (décors, réalisation et aussi scénario pour la brillante maîtrise d’une intrigue que nous propose là Hillcoat), mais surtout et sans réfléchir l’Oscar du meilleur rôle masculin pour Viggo Mortensen qui interprète le rôle d’un père en détresse le plus juste et le plus émouvant interprété jusqu’alors. Allez voir ce film: c’est un pur chef-d’œuvre!