L’action se déroule dans un univers uchronique dans lequel Alexandre le Grand n’a pas tranché le nœud gordien, étendant ensuite son empire jusqu’aux Indes, engendrant une culture métissée entre dieux grecs et hindouisme. En cette Angleterre du XIXe siècle, avec la Compagnie des Indes, c’est bien Bombay qui occupe Londres –Londonpolis – et non le contraire. Lorsque Sykander, lointain héritier du trône d’Alexandre est assassiné, la lutte de succession s’engage entre son frère, Philippe de Macédoine, probable commanditaire du meurtre, et sa fille, la belle princesse Roxane. Mais la Compagnie ne compte pas rester neutre dans ce face à face et va faire appel à un de ses meilleurs agents, qui l’a pourtant abandonnée depuis plusieurs années, le capitaine Drake.
On retrouve dans ce roman la flamboyance de Xavier Mauméjean, son style brillant et inimitable, ainsi que sa passion pour les cultures anciennes et/ou exotiques qu’on a déjà pu apprécier dans Car je suis légion, ou dans son travail de directeur de collection chez Mango Autres Mondes. Ce roman aurait d’ailleurs tout à fait eu sa place dans cette collection, mais Xavier Mauméjean a eu l’élégance de ne pas s’autopublier, et c’est dans la non moins brillante collection Ukronie de Flammarion qu’on le retrouve. Ce texte, officiellement destiné à un public adolescent – auquel il reste accessible – n’en enchantera pas moins les lecteurs plus expérimentés. Le rythme est entrainant, les personnages aussi attachants que crédibles, et l’univers est des plus séduisants. Sur ce point, on pourra regretter que Xavier Mauméjean ne fasse que flirter avec le XIXe siècle en évoquant la Compagnie des Indes, et que l’univers développé soit autant achronique qu’uchronique, mais il n’en reste pas moins que le métissage entre hellénisme et hindouisme est des plus réussis et emporte l’adhésion du lecteur.
En un mot comme en cent, La reine des lumières est un très bon bouquin, à recommander aux plus jeunes lecteurs ou à ceux qui ne seraient encore guère initiés à l’Imaginaire ; quant aux habitués, ils dévoreront ce roman et en redemanderont !