La Montage aux sacrifices est le deuxième tome de la série Filles de Lune et fait suite à Naïla de Brume dont nous vous parlions ici.
Ce livre reprend donc l’histoire là où elle avait été laissée en suspend à la fin du premier tome. Naïla est une jeune femme vivant dans notre monde et se découvre lors de la rénovation d’une maison familiale une ascendance hors-normes. Elle descend en effet d’une lignée de sorcières venues d’un autre monde.

Naïla poursuit sa quête initiatique à travers la Terre des Anciens, monde médiéval-fantastique, et au fil de ses péripéties en vient à rencontrer un certain nombre des êtres les plus puissants de ce monde. L’héroïne est brinquebalée de lieux en lieux, où à chaque fois elle en apprend un peu plus sur elle-même, ses pouvoirs en devenir et les légendes de la Terre des Anciens. Ce voyage se termine sur l’apparition d’une partie de ses pouvoirs et son retour au Canada, où la jeune femme espère pouvoir avorter suite à son viol survenu dans le premier tome.

Force est de constater que ce deuxième tome est en fait la seconde partie de Naïla de Brume et les deux livres forment un seul roman. La Montagne aux sacrifices ne coupe pas le récit en deux comme le premier tome mais s’achève sur une véritable fin, qui appelle cependant une suite. Si les thèmes abordés ne débordent pas d’originalité, le récit reste solide ; l’auteur tisse les fils de son intrigue et laisse autant ses lecteurs que son héroïne dans l’attente des évènements à venir.

L’histoire des Filles de Lune est parfois diminuée par son écriture. Le roman se compose de passages à la première personne lorsque l’on suit les péripéties de la jeune femme et des passages avec un narrateur omniscient lorsque l’on suit les autres personnages. Et c’est là que le bât blesse puisque dans le discours de Naïla ressort parfois une certaine gouaille que l’on retrouve avec le narrateur omniscient… ce qui tend à casser l’immersion dans le récit.
En effet l’approche de Naïla est rationnelle et empreinte de références et d’expressions à notre monde. Dans le cadre du récit à la troisième personne on trouve alors curieusement l’amalgame des gnomes et des nains si bien que l’on ne sait pas s’il s’agit de gnomes ou de nains. Un paragraphe empreinte les oréades et les océanides à la mythologie grecque mais substitue aux néréides les névéides, dont les caractéristiques semblent être les mêmes. L’étrange « tempymancie » décrit une magie qui contrôle l’écoulement du temps, le terme chronomancie paraît plus adapté… Ces écarts, mineurs certes, malmènent quelquefois la narration.

Malgré ses défauts, ce second tome à l’avantage d’accrocher davantage son lecteur que le premier tome. En ce sens le début de cette série se présente comme une introduction à la fantasy et aux récits épiques destinée notamment aux plus jeunes mais aussi, pourquoi pas, à ceux qui veulent découvrir la fantasy. Les routards des romans médiévaux-fantastique, eux, seront peu intéressés par cette épopée.