Pierre Dubois est un nom que vous connaissez sûrement. Cet anthologiste et merveilleux raconteur d’histoires vient de démarrer une nouvelle aventure dans le milieu de la BD avec la Légende du Changeling. Il est associé pour l’occasion au talentueux Xavier Fourquemin, dont le style se révèle merveilleusement adapté à celui de son scénariste. Aussi lorsque l’occasion de les rencontrer tous les deux se présente, Khimaira se précipite, magnétophone à la main et questions en têtes !
 
Khimaira : Comment vous êtes vous retrouvés ensemble sur ce projet ? Qui a amené le projet à l’autre ?
 
Xavier Fourquemin : C’est moi qui suis allé chercher Pierre, mais il avait déjà le projet. Nous nous sommes rencontré dans une librairie à Valencienne. Quand je suis arrivé à la fin de Miss Endicott, il fallait que je retrouve un projet. J’avais envie de travailler dans ces univers proche de Dark Crystal, avec des gnomes et des petits nains. Comme j’avais un spécialiste pas très loin, autant commencer par le début ! C’est comme ça que je lui ai téléphoné et qu’il m’a dit qu’il avait déjà un projet sous le coude. J’en avais aussi parlé l’éditeur avant, qui m’avait dit bien aimer ce que fait Pierre Dubois.
 
Khimaira : Vous étiez déjà en contact avec Le Lombard?
 
Xavier Fourquemin : Oui, Miss Endicott était déjà au Lombard. Ce qui est bien avec le Lombard, c’est que lorsqu’on arrive à la fin d’un projet on peut discuter de la suite tranquillement.
 
Khimaira : C’est très différent que de travailler avec Soleil?
 
Xavier Fourquemin : Comme dirais l’autre, ce n’est pas la même division ! Là on est vraiment chez les professionnels !’
 
Khimaira : Vous étiez arrivé chez Soleil parce que vous aviez une série chez le Téméraire qui a été rachetée par eux c’est bien ça ?
 
Xavier Fourquemin : Ils voulaient racheter la série oui.
 
Khimaira : Et vous Pierre Dubois, on vous connaît surtout comme anthologiste et essayiste ; mais comment et pourquoi êtes vous venus à la BD?
 
Pierre Dubois : J’ai toujours aimé la BD. Quand j’étais petit la BD n’existait pas d’ailleurs, c’était des illustrés. Et ce qui me passionnait et était en même temps une source d’éveil à l’imaginaire, c’est qu’ils étaient plus ou moins interdits. A l’école, il y avait Tintin parce que les pages du milieu étaient didactiques, sur les moteurs etc. Tu avais aussi plus ou moins le droit à Spirou. J’adorais Spirou, un peu Tintin, mais je n’étais pas abonné. Ma mère m’en achetait de temps en temps, mais ce n’était jamais les mêmes : l’Intrépide, Hourah, Petit Shérif… J’avais donc toujours des histoires incomplètes ! Je devais imaginer le début et la fin de chaque histoire. C’est frustrant, mais quelque part ca m’a obligeait à imaginer plein de choses.
Mais j’a toujours aimé la BD parce qu’en même temps – nous sommes dans les années 50, c’était une culture anarchique et mythologique. Pour moi elle vraiment liée au cinéma des années 50 comme Scaramouche, Robin des Bois, les Chevaliers de la Table Ronde, les films de Jungle ou les quelques films d’épouvantes qui commençaient à montrer leur nez.
Je me suis fait toute une mythologie d’histoires et d’images comme ça. Et comme j’étais mauvais à l’école, que je détestais son côté « je ne veux voir qu’une seule tête, une seule culture » et qu’elle méprisait tellement ma forêt, j’ai trouvé refuge la dedans.
Lorsque j’ai commencé à raconter des histoires enfants, c’était toujours des histoires illustrées, l’image était toujours là. Immanquablement ça ne pouvait aboutir qu’à la BD !
Par la suite j’ai rencontré René Haussmann, qui était un ami et a même vécu chez moi un bout de temps – il d’ailleurs illustré les contes de Perrault. Et on m’a dit, ce serait pas mal que tu fasses une BD avec Haussmann, puisque vos univers se rejoignent. C’est comme ça que j’ai commencé dans la BD.
 
Khimaira : Pourtant, les contes et légendes sont issus d’une tradition orale, et il est difficile de lire une image à voix haute
 
Pierre Dubois : tu as raison, mais le conteur suggérait des images aux gens autour de lui. Il racontait pour donner des images aux peurs des gens, à nos peurs primales comme la menace de la nuit, l’hiver, le vent, les bêtes…
 
Xavier Fourquemin : et la forêt aussi !
 
Pierre Dubois : Tout à fait, dans la forêt la nuit il n’y a que les ténèbres, les dangers sont invisibles et il faut leur donner des images, tout comme à la beauté, aux déesses, aux dieux, aux fées, aux nains… C’est ce que font les conteurs, ils donnent des images pour combattre la peur, en opposant des images positives à des images négatives. C’est ça la mythologie, raconter l’histoire du cosmos, de son propre cosmos, de sa place de l’un dans l’autre. Ce n’est pas juste raconter une histoire. Et cela passe aussi à travers des images.
D’ailleurs pour moi la légende orale est très liée à la BD et au cinéma. Regardes Terry Gilliam ou Tim Burton, c’est exactement la même chose, le conteur remplacé par la télévision ! Tim Burton racontait qu’enfant, il faisait semblant d’aller se coucher et allait se cacher sous la table pour regarder des projections de la Chose ou de la Famille Adams, exactement comme les enfants redescendait pour écouter discrètement les conteurs.
 
Khimaira : Avec un tel lien entre l’histoire et l’image, vous n’avez jamais pensé à travailler sur la partie graphique ?
 
Pierre Dubois : moi je dessinote, c’est tout. J’ai fait les beaux arts parce que je ne pouvais pas faire autre chose, j’ai été viré de partout, mais je n’ai pas vraiment appris à dessiner.
 
Khimaira : Xavier, votre dessin est surtout réputé pour ses personnages détaillés. Comment avez-vous abordé une BD avec autant de travail à fournir sur les décors, tant campagnard qu’urbain ?
 
Xavier Fourquemin : J’avais déjà travaillé sur des décors urbains avec Miss Endicott. J’ai me bien les vieilles rues, les tripots… c’est ce que j’aime dessiner, c’est presque naturel. Pierre va m’arracher les oreilles, mais c’est vrai que j’ai eu un peu plus de mal avec la campagne paisible, alors que j’aime bien les éléments torturés. En fait c’est dur pour n’importe quel dessinateur de réaliser quelque chose de calme. En général on aime bien mettre du mouvement. C’est ça, la BD ! Essayer de mettre un background, quelque chose qui ne bouge pas en mouvement. Comme le papier ou une image ça ne bouge pas, notre challenge est de faire quelque chose de vivant, de rapide rien qu’avec un crayon. Quand il faut dessiner un personnage qui ne bouge pas, bizarrement c’est compliqué, parce qu’il ne faut pas non plus que ce soit mort ou fade, il faut qu’il y ait quand même quelque chose qui se passe.
C’est pour ça que j’ai plus de mal avec la campagne. Mais dès que l’on rentre dans les bois, dans quelque chose de plus extraordinaire, c’est plus facile pour moi.
 
Khimaira : Pour le design, vous avez profité des connaissances de Pierre Dubois ou fait beaucoup de recherche de votre côté ? Comment avez-vous travaillé tous les deux ?
 
Xavier Fourquemin : Pour tout ce qui est ville, j’avais déjà fait des recherches pour Miss Endicott. Après Pierre m’a donné de la documentation sur le Dartmoor, ce qui fait que j’avais tout ce qu’il me fallait pour les premières scènes. Le problème de Pierre c’est qu’il donne des noms très précis, du coup il faut quand même bien se renseigner.
 
Khimaira : Le script était très détaillé?
 
Pierre Dubois : Oui et non. Il est détaillé, mais pour nu rêveur, pas en précision « BD-ique ». Je ne suis pas du genre avec des storyboard, je raconte. Je raconte en détail, et libre à l’illustrateur de rêver lui aussi sur ce que je propose.
 
Xavier Fourquemin : En même temps le script est précis dans les sentiments ou dans les ambiances, pas au niveau des plans. Le découpage c’est moi qui le fais. Pierre ne parle pas de gros plans ou de technique, il parle de la campagne, de l’humeur du personnage…
 
Khimaira : Les couleurs sont importantes pour l’ambiance d’une BD et l’ambiance est particulièrement importante dans le Changeling. Comment avez vous travaillé avec votre coloriste, Scarlett Smulkowski ?
 
Xavier Fourquemin : Nous avons déjà travaillé ensemble sur Miss Endicott. Sur mon western, je faisais les couleurs moi-même à l’aquarelle. Mais sur Miss Endicott, je ne voulais plus faire les couleurs moi-même. J’ai donc réalisé un dessin très simple pour laisser le plus de place possible à la coloriste. C’est un peu ce que je faisais sur Outlaw, où beaucoup d’éléments comme les ambiances, les ombrages ou certains modelés du visage étaient rajoutés à la couleur. J’ai voulu travailler de la même manière avec Scarlett.
Evidement, je suis rendu compte que j’avais quand même un peu de travail à faire moi-même (rire). Mais j’ai fait en sorte de lui laisser beaucoup de place, en évitant les indications trop précises. Elles se font surtout par rapport au scénario, comme savoir s’il fait jour ou nuit par exemple, et ensuite j’indique que j’aimerais bien si ou ça en matière de tonalité générale. Comme j’ai aussi vu pas certaines de ses BD, et qu’il y a certaines cases que j’aime beaucoup, je lui disais aussi parfois carrément de réutiliser ce qu’elle avait fait à tel endroit. Je savais exactement ce que ca allait donner.
Ca c’est fait le plus simplement du monde, et le résultat est plutôt pas mal!
 
Khimaira : Vous avez, l’un comme l’autre, surtout abordé les légendes d’origine celtique, Pierre avec vos anthologies bien connues et Xavier avec vos travaux parus chez Soleil. Pourquoi être restés sur ces légendes ? Il n’y a pas d’autres cultures qui vous intéresseraient ?
 
Xavier Fourquemin : Ce que j’ai fait chez Soleil était purement alimentaire en réalité. L’éditeur m’a tanné pour que je fasse des histoires dans les Contes du Korrigans. J’étais sur Alban et Outlaw à l’époque, avec six albums devant moi, mais j’ai fini par accepter de faire une histoire entre un album d’Outlaw et un d’Alban. Et comme je dessinais celui d’Outlaw au feutre, je me suis dit que ca permettrait de me remettre à la plume et de faire une transition entre les deux histoires. Et puis ce n’était que 15 pages… Entre temps, Soleil a arrêté Alban et Outlaw s’est terminé, je n’avais donc plus rien. Quand j’ai terminé cette histoire pour les Contes du Korrigan, j’ai demandé s’il n’y en avait pas une deuxième, et je me suis retrouvé sur une histoire des Contes de Brocéliande.
En même temps le sujet ne déplaisait pas, j’aime bien travailler sur du fantastique, faire des monstres. Mais c’est vrai que le projet est venu de l’éditeur plus que de moi.
 
Pierre Dubois : C’est vrai qu’en matière de celtisme, j’ai toujours été plus attiré par les brumes que par le soleil. J’ai vécu dans les Ardennes, qui est un bastion celte, avant de me retrouver en Bretagne. « Armor », « Ardennes », c’est presque normal, je ne faisans que m’enraciner d’avantage dans cette vision celtes ! Cette une vision mal connue parce qu’un peu galvaudée ; et c’est vrai que dans cette France d’aujourd’hui qui hélas se mondialise plutôt qu’elle ne s’universalise (grosse nuance !), les régions, la culture régionale, la culture orale, la culture des racines est menacée. Et c’es que j’ai toujours aimé chez le celte : c’est un résistant. Le légendaire celte est toujours là, à fleur de peau, à fleur de rein, à fleur d’herbe. Tu as beau l’asphalté, il renaît toujours sous la forme de musique, de légendes, d’histoires… Il y a une forme d’universalité dans son idée.
Et puis il y a un côté esthétique. J’aime moins la mythologie germanique par exemple, un peu trop teutonne, trop Seigneur des Anneaux. J’aime la harpe, la cornemuse au loin, les entrelats des branches…
 
Khimaira : Cependant on retrouve des éléments celtes dans d’autres mythologies, germanique en particulier, mais aussi dans d’autres cultures, des Milles et une nuit au Maghreb aux légendes slaves…
 
Pierre Dubois : Je vais souvent dans les écoles, notamment les écoles un peu difficile où je rencontre pas mal de maghrébins soit disant déracinés – et c’est vrai qu’on fait tout pour ça, en les mettant dans l’asphalte etc. Soit disant déracinés. Je leur parle de la Banshee ou de la Dame Blanche, en leur disant que eux ont Aïsha Kandisha. Elle ressemble en effet à la Dame Blanche : elle vient à minuit hanter les vieux déserts, les landes ou les montagnes, elle pousse des cris d’épouvante ou des cris terrifiants pour annoncer la mort… Elle est aussi souvent associée à l’eau, ou à une rivière, comme toutes les Dames Blanches, et pousse la charrette de la mort. Et quand je leur en parle, ils me racontent que oui, ils la connaissent, elle apparaît à minuit sur le parking d’Auchan ! Un lieu en effet désert à cette heure ! Elle vient des égouts, et elle est laide parce que l’eau est polluée, et que fait elle d’autre ? Elle pousse un caddie !
C’est ça qui est incroyable, cette mythologie en nous. C’est pour ça que je parle de cette universalité dans la mondialisation. Tu parles, là, ça n’a rien à voir c’est une affaire de politique et de pognon ! Alors que l’homme est partout le même en fait…
 
Xavier Fourquemin : Je crois que c’est un besoin aussi. L’homme a besoin de se réfugier dans un monde imaginaire. Mon fils de 6 ans vient me voir en me disant « Papa, moi dans la maison, j’ai une cachette secrète ». Je connais ma maison, je sais bien qu’il n’y a pas de cachette secrète, mais lui en a une. Je me souviens gamin, quand un truc ne me convenait pas, je me disais là j’ai autre chose… Si j’avais un jouet qui ne me convenais pas je m’en inventais un mieux !
 
Khimaira : cette interpénétration des mythes et de l’urbain que vous évoquez est une idée que l’on retrouve justement dans la Légende du Changeling. Comment l’avez-vous travaillée ?
 
Pierre Dubois : C’est-à-dire que les bâtiments, même les plus moderne, sont bâtis sur la terre. Il y a énormément d’histoires où les anciens architectes devaient d’abord demander d’abord à l’esprit des lieux s’ils pouvaient s’y installer. Et puis les cités sont bâties avec du bois, de la pierre, des briques, des éléments de la nature donc, ceux là même qu’habitent les esprits élémentaires. Tu retrouves ainsi ta forêt dans n’importe quelle cité. Et il y a les légendes urbaines bien sûr, qui sont un prolongement des légendes des campagnes.
 
Xavier Fourquemin : Et les villes sont toujours construites sur d’anciennes cités ou d’anciens vestiges. Chez moi, prêt de Tournay en Belgique, dès qu’il y a des travaux c’est une catastrophe pour les architectes : dès que tu creuses à un mètre du sol tu tombes sur des vestiges. On peut toujours imaginer des anciens souterrains… même sous Paris il y a des catacombes.
 
Pierre Dubois : Celui qui rentre dans la forêt des légendes où une épreuve quelconque l’attend, peut tout aussi bien traverser la ville de la même manière. Le Changeling c’est un peu ça, cette combinaison du petit poucet et du chaperon rouge ; c’est l’enfant qui peut traverser une forêt ou un lieu d’épreuve pour en sortir grandit, trouver la fleur sacrée ou le Graal. Là, la forêt est urbaine, mais c’est la même forêt, avec les mêmes menaces – loup, troll, dragons…
 
Khimaira : Combien de tomes doit durer la série ? Est-ce que vous savez où vous voulez aller ?
 
Pierre Dubois : Je connais la suite oui. Et puis Xavier dessine tellement vite qu’il en ait déjà à la moitié du tome 2 ! Je sais ce qui va arriver au Changeling et aux personnages, et à quoi correspond la symbolique de l’histoire.
Mais Xavier m’a tendu une perche : il a fait au personnage une jolie petite bouille. Dans ma tête il devait grandir par la suite, mais Xavier m’a dit que ce serait dommage car il aimait bien cette bouille. Ca le relie aussi à Peter Pan, si ce n’est qu’ici, ce n’est pas qu’il ne veut pas grandir, mais qu’il ne peut pas grandir. Son double qu’on entraperçoit lui vieillira par contre.
Xavier m’a ainsi ouvert une porte qui était caché quelque part dans mon inconscient. On dit souvent que pour prendre le chemin des fées il faut se perdre. Ici c’est un peu pareil : nous avons la trame, nous savons où nous allons, mais dès qu’un chemin buissonnier s’ouvre devant nous nous le prenons. Fred lui dit souvent qu’il ne veut pas connaitre la fin de ses histoires parce que sinon il s’ennuierait, que c’est comme s’il allait voir un film en sachant déjà qui est l’assassin. J’ai donc mo n histoire, mais elle prend quelque fois des biais, des chemins de travers. On parlait de cercles celtiques, ces méandres, ces nœuds… c’est ça le chemin des fées.
 
Xavier Fourquemin : C’est l’avantage du travail à deux aussi ; nous pouvons rentrer dans l’univers de l’autre, les partager. Sinon ca n’a aucun intérêt de travailler à deux : moi je ne suis pas là juste pour faire un dessin au propre…
 
Pierre Dubois : il y a des dessinateurs et des écrivains qui aiment bien faire carré, faire « pro ». Moi quand j’entends ça ca me fait penser aux scénarios de films américains et ca me chier des barres. Ce côté pro-pro m’emmerde. Je n’aime pas les jardins à la françaises bien taillés tu vois, je préfère les jardins à l’anglaise où la nature reprend ses droits, où l’imaginaire fourmille, bourgeonne, se ramifie. C’est bien de se laisser aller à l’école buissonnière.
 
Khimaira : Est-ce que vous avez d’autres projets, éventuellement ensemble?
 
Xavier Fourquemin : Nous avons déjà encore 4 tomes prévus. Le scénariste de Miss Endicott insiste aussi pour refaire quelque chose.
 
Khimaira : Surtout que le dessin occupe généralement un peu plus de temps que le scénario…
 
Xavier Fourquemin : La dernière fois que j’ai dit ça Pierre m’a regardé avec des yeux ! Mais c’est vrai, j’ai du travail moi monsieur ! (rire) Tout va bien donc, j’ai 4 tomes devant moi, peut être un Miss Endicott en préparation, mon éditeur me soutient…