Un peu d’histoire pour commencer…
Assez peu connu sous nos latitudes (où l’on est plus habitué aux mythes chrétiens ou grèco-romains), Beowulf est un long poème épique, très populaire dans les pays nordiques et anglo-saxons, qui fut vraisemblablement écrit au 8ème siècle. Il s’agit du premier récit connu rédigé en vieil anglais, la latin et le grec étant à l’époque les langues les plus répandues. S’il y a peu de chances, donc, que vous l’ayez lu, vous connaissez peut-être en revanche les fabuleuses gravures qu’en a tiré l’illustrateur canadien John Howe… et vous êtes évidemment familier du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien, oeuvre monumentale du 20ème siècle où l’on décèle sans mal l’héritage de la vieille légende.

Le guerrier Beowulf et ses compagnons se rendent à la cour du roi Hrothgar, où l’on vit dans la crainte de Grendel, une créature rejetée de tous et qui, ivre de chagrin et de colère, a massacré de nombreux sujets. Beowulf attire le monstre et parvient à lui arracher le bras. Grendel s’enfuit et retourne, pour y mourir, dans la caverne de sa mère, une ogresse à la beauté fatale qui fera ensuite ployer la volonté de Beowulf, qui la laissera en vie en échange du trône de Hrothgar. Au soir de sa vie, le vieux monarque devra affronter le poids du mensonge sur lequel s’est construit son règne…

Signée Neil Gaiman et Roger Avary, cette adaptation trahit quelque peu le mythe d’origine pour y greffer le thème chrétien du péché, plutôt efficace d’un point de vue dramatique. En cédant en même temps à l’appel de la chair (la sorcière, dans le film, a les traits et les courbes d’Angelina Jolie) et à l’ambition, le héros de légende, quoique valeureux, apparaît avant tout comme un homme, « imparfait et faillible » (tel qu’il se décrira lui-même à la fin de l’histoire). Sa tragédie n’en retire que plus d’impact auprès du public, d’autant que la mise en scène de Robert Zemeckis s’avère spectaculaire et confère au film une efficacité et un souffle épique que, franchement, on n’espèrait pas venant d’un long métrage réalisé en images de synthèse. Le réalisateur, qui avait en partie raté son coup avec le Pole Express (et ses personnages aux regards vides), se rattrape donc ici largement, les compositions des acteurs (le film a été tourné d’après le jeu et les mouvements de vrais comédiens selon la technique de « motion capture ») n’étant à aucun moment ruinées par leurs « masques » de pixels. Seules sont à déplorer quelques fautes de goût (les talons aiguilles d’Angelina Jolie, surtout, un sacré anachronisme !).

Pour conclure, une petite mise en garde à l’intention des jeunes parents: La Légende de Beowulf a beau être un métrage d’animation, il n’édulcore en rien les scènes de combat. Attendez-vous donc à de nombreuses images de démembrements et de décapitations, avec les gerbes de sang qui vont avec. Un spectacle à réserver aux plus de 8 ans, donc…

Son : Anglais et Français en 5.1 pour le film (sous-titres français, anglais et néerlandais), Anglais 5.1 pour les bonus.

Bonus : Beowulf est proposé dans une édition collector de deux dvd. Sur le deuxième disque, près d’1h40 de bonus en tout genre ayant trait autant à la légende qu’à la confection du film (avec, notamment, des dessins et croquis préparatoires, des scènes supplémentaires…). Du tout bon !