Ariel Doulémi est un jeune habitant de Spica qui travaille pour une bien étrange patronne, la vieille et rabougrie madame Ha. Celle-ci est la seule détective privée de Spica, la cité d’en haut, accrochée à un angle de l’incroyable Palais de l’Empereur inaccessible aux habitants depuis une vingtaine d’années, depuis le moment dit de la Disparition. Mais Ariel n’est pas un assistant banal : il a été fait vampire par les hommes-chats qui maîtrisent les nanotechnologies. Mais il ne vous faut pas entendre vampire au sens de Dracula, Ariel vit le jour et se nourrit comme nous, mais des crocs rétractables en céramique lui permettent, grâce à un mode neural, de réaliser des analyses chimiques fines sans se mettre lui même en danger. Dans cette étrange cité percluse de mystères, à la population bigarrée et aux communautés repliées sur elles-mêmes, les zantis prônent la république car la régence assurée par les anciens fonctionnaires depuis la Disparition n’a que trop duré. Mais quel rapport cet étrange meurtre d’une jeune femme, agent de la police a-t-il avec la révolution qui gronde ?
 
André-François Ruaud nous emmène ici dans un monde enchanteur qui peut faire penser à celui du château ambulant de Myazaki. Si je fais le parallèle, c’est qu’on y retrouve la même douceur de vivre et les mêmes personnages pleins de bonté, à côté desquels tournoient de noirs secrets. L’ouvrage regroupe en fait deux courts roman, le premier, « des ombres sous la pluie » étant précédemment paru aux éditions du Bélial et le second étant complètement inédit. La psychologie des personnages est aussi finement travaillée que les décors, et l’auteur sait éviter le piège des clichés que pouvait laisser craindre le quatrième de couverture avec un jeune vampire homosexuel comme personnage principal. Les deux intrigues sont aussi bien menées l’une que l’autre, et les détails annexes concernant le déroulement de la vie sur Spica sont délectables. Un seul regret : on n’aura aucune explication de la Disparition de l’empereur au terme de ce recueil. Espérons une suite qui en révèlera plus sur cet aspect qui ne soucie guère le protagoniste né après l’événement.
 
Somme toute, un bon moment de lecture, rafraîchissant et relaxant ; un bonbon sucré parfumé à la violette à consommer sans modération !