Pavla Nimroberts est une jeune employée de la télévision. Assistante médiocre tyrannisée par son supérieur, elle se voit confier la délicate mission de préparer une émission sur Raman Kovitch, un grand metteur en scène irascible. Mais, la nuit, chacun se retrouve dans la caverne, un lieu où chacun mène une double existence dans la peau d’une créature qui correspond à son tempérament : fragile daine, rusé scroll, cruel stark ou encore… chasseur. Il n’est pas convenable de parler le jour de ce qui s’est passé dans la caverne la nuit, mais Pavla, petite daine, vient d’échapper à un stark, évènement qui n’arrive presque jamais ; et cela lui arrive une seconde fois encore. Elle développe alors une peur panique de s’endormir car, qui meurt dans la caverne ne se réveille pas. Le trouble de Pavla s’accentue encore lorsqu’elle reconnaît en Kovitch le stark à qui elle a déjà échappé par deux fois. Elle va alors chercher de l’aide auprès des services publics d’assistance psychiatrique. Elle est alors loin d’imaginer la suite des évènements.
La caverne est un roman d’une grande originalité et d’une sensibilité toute slave. Si la coexistence de deux univers dont on ne sait le quel est réel, lequel est rêvé n’a rien de nouveau, le fait que les deux soient présentés comme réels et complémentaires est une variante intéressante. Vision symboliste de la psychanalyse, l’ouvrage défend le fait d’assumer au grand jour ce que l’on est réellement et de suivre ses aspirations plutôt que la pression sociale. Les auteurs posent également la question de la limite de ce que les autorités peuvent faire pour protéger ce qu’elles considèrent comme le bien commun.
On peut reprocher à ce roman de manquer de rythme, mais les qualités indéniables de l’ouvrage compensent ce défaut. La caverne est à recommander aux lecteurs confirmés, aux amateurs de lyrisme et de symbolisme, à tous ceux plus généralement qui ont un goût pour la psychanalyse et les dystopies. Sans être un chef d’œuvre, ce roman est un bon moyen de découvrir l’Imaginaire russe contemporain.