Dans la cité de Yöl, le prince Adénar est atteint d’une étrange maladie : il s’ennuie ! Quoi de plus surprenant dans un pays merveilleux où personne n’est jamais malade, où les animaux parlent, où l’on se déplace en tapis volant, où l’on organise sa mémoire comme un palais et son jardin, rendant ainsi l’écriture inutile et faisant des rares livres les plus précieux des trésors ? Son père le roi va prendre les choses en main, alors que lui-même voit sa mémoire envahie d’insectes et que sa femme, transformée en dragon depuis plusieurs années, ne répond plus à l’appel depuis quelques jours. Il va lui falloir envoyer quérir un magicien.
A Floria, un étrange enfant est sorti de la forêt, totalement amnésique et parlant une langue étrange. Ce pourrait-il que ce soit le jeune prince Adénar à la recherche de son âme ?
 
Ce roman est absolument inclassable. Il fait partie d’une certaine tradition espagnole du fantastique que l’on retrouve notamment chez l’excellent Juan-Miguel Aguilera. Pour ceux qui auraient lu Baudolino d’Umberto Ecco, le ton est parfois assez proche. C’est vraiment un curieux et enthousiasmant mélange que nous livre Andrés Ibàñez, entre le petit prince de Saint-Exupéry, les contes des mille et une nuit, les aventures du baron du Münschausen, Kafka et Philip K. Dick !
 
Radicalement unique, narrée sur un ton suranné plutôt surprenant, l’action est pleine de féerie et de références, et on peut y trouver notamment une réflexion anticléricale sur le Moi et l’âme, une parabole du passage à l’âge adulte, une vision de la manière dont l’homme et la nature peuvent cohabiter, et bien d’autres éléments encore. L’ensemble est soutenu par un très grand talent d’écriture, une plume qu’on aura plaisir à retrouver.
 
Si vous n’avez pas peur d’être dérouté, si vous aimez sortir des sentiers battus, alors jetez-vous dans L’ombre de l’oiseau lyre et découvrez le monde envoûtant, enchanteur, et très avisé d’Andrés Ibàñez !