Si Bamboo s’est imposé sur le marché via ses collections de titres humoristiques (Les Profs, Rugbymen…), tout un pan de son catalogue est consacré à la BD de genre. Une section d’ailleurs suffisamment séparée du reste pour avoir sa propre marque, la collection Grand Angle, quasiment un éditeur en soit dont la spécialité ne serait pas tant la BD en particulier que les oeuvres de genre en général. A tel point que l’année dernière, sous l’impulsion des auteurs Cothias et Ordas, elle s’est même enrichi d’une série de romans.

L’Oeil des Dobermans est l’un d’entre eux, et se voit aujourd’hui adapté en BD, par les propres auteurs du roman – dont le scénariste de BD Cothias, qui avait déjà entamé la procédure inverse en adaptant en roman certaines de ses BD. Reste à savoir s’il s’agit d’une volonté artistique visant à boucler la boucle ou une curieuse démarche de la part de Bamboo pour autoalimenter son catalogue…

Nous suivons donc les tribulations d’Arno Ixks, ethnologue à Vienne au tout début de la seconde guerre mondiale. Durant la première guerre mondiale, ce dernier a eu la malchance de sauver la vie d’un sous-officier du nom de Hitler. Le Führer, qui en a gardé souvenir, l’oblige à travailler pour lui. Sa mission, retrouver les preuves de l’existence des Aryens pour mieux lui permettre d’assoir son pouvoir sur le monde. C’est le début d’une aventure archéologique qui va mener Arno et un geôlier imposé par Hitler, une dangereuse Tibétaine à sa solde, aux quatre coins du monde…

La filiation avec un certain Dr Jones semble évidente. Elle est en réalité bien moindre qu’il n’y parait. Ce premier tome insiste en effet fortement sur la relation d’Arno et d’Hitler et le caractère imposée de sa mission. On enchaine ainsi de longues scènes bien appuyées de la présence Nazi à Viennes jusqu’aux menaces non voilées pesant sur les proches d’Arno, en passant par la pression qu’exercent sur lui les officiers du Reich.

Le caractère très explicatif de ces scènes cache difficilement l’origine romanesque du récit, d’autant que la narration use de nombreuses voix off directement issues du roman. Autant dire que le rythme en prend un sacré coup, et l’attention du lecteur aussi. Est-ce parce que l’histoire a vraiment été conçue pour un roman, une simple maladresse de style ou un passage inévitable avant que la suite ne prenne vraiment son envol ? Il faudra bien entendu attendre la suite pour en savoir plus : rendez-vous est donc pris pour le second tome !