Avec sa troupe de théâtre ambulant, ” l’Imaginarium “, le Docteur Parnassus offre au public l’opportunité unique d’entrer dans leur univers d’imaginations et de merveilles en passant à travers un miroir magique. Mais le Dr Parnassus cache un terrible secret. Mille ans plus tôt, ne résistant pas à son penchant pour le jeu, il parie avec le Diable et gagne l’immortalité. Plus tard, rencontrant enfin l’amour, le Docteur Parnassus traite de nouveau avec le diable et échange son immortalité contre la jeunesse. A une condition : le jour où sa fille aura seize ans, elle deviendra la propriété du Diable. Maintenant, il est l’heure de payer le prix… Pour sauver sa fille, il se lance dans une course contre le temps, entraînant avec lui une ribambelle de personnages extraordinaires avec la ferme intention de réparer ses erreurs du passé une bonne fois pour toutes…

Plus qu’un film, L’Imaginarium du Docteur Parnassus est un livre de conte ouvert; un film à clef comme on dit symbolique et poétique qui ne peut pas être classé dans un genre de film précis.

L’histoire

L’intrigue est plutôt complexe à comprendre et il est parfois difficile de suivre. En fait, il n’y a pas vraiment de scénario avec une succession d’évènements cohérents entre eux. Le film est avant tout rempli de métaphores, de symboles et de poésie. L’ensemble de l’histoire est inspirée (très clairement) d’Alice au pays des Merveilles.

Terry Gilliam mélange deux styles: actuel et moderne, ce sont les gens extérieurs qui vivent dans la même époque que la nôtre et agissent de la même façon que nous. Bohème, décalé et merveilleux, c’est la troupe du Docteur Parnassus qui semble ne pas du tout vivre à la même époque que nous (à en juger par leurs vêtements et leur métier). Ces personnages n’ont pas l’air d’interagir avec les autres hommes et femmes comme s’ils vivaient dans un monde parallèle. Et ce monde parallèle, c’est leur propre imagination. Le film est une ode à l’imagination et au merveilleux; à la nécessité de s’inventer un monde à soi, qui ne ressemble à aucun autre et qui ne peut être détruit. On ne sait d’ailleurs pas vraiment si le Docteur Parnassus possède de réels pouvoirs ou s’il est capable tout simplement de faire fonctionner son imagination à l’extrême.

Certains passages du film sont complètement féeriques et présentes des idées originales et complètement hallucinantes. Un monde magique et merveilleux s’offre à nos yeux éblouis!

Cependant, le film comprend de nombreux points négatifs. Le premier c’est sa trop longue durée qui nous fait parfois tomber dans l’ennui. Le second c’est malheureusement les acteurs qui ne jouent pas correctement et qui ne sont pas tellement convaincants. La prestation de Christopher Plummer m’a un peu déçue et on sent l’acteur vraiment fatigué. Heath Ledger est juste correct: il semble complètement ailleurs et pas vraiment convaincu par son personnage. Jude Law ne sert absolument à rien, Colin Farrell est vraiment bon dans son interprétation du Tony obsédé par la gloire


et enfin Johnny Depp est le rayon de soleil du film. D’ailleurs je pense que c’est lui qui aurait dû avoir le rôle de Tony, car le délire du film correspond parfaitement à son type de jeu.


Quant à Lily Cole (Vanessa), elle n’est absolument pas crédible et manque encore d’expérience.


Le troisième point négatif ce sont les dialogues qui sont très peu percutants et manquent parfois de justesse. Le quatrième point ce sont certaines relations qui sont trop survolées: Parnassus/Valentina et Valentina/Tony (leur histoire d’amour n’est pas assez développée et du coup tout va trop vite pour que cela soit logique). Le cinquième et dernier point négatif est le plus important: le manque total d’émotions dans le film. A aucun moment on est ému par le Docteur Parnassus, on ne rit pas non plus, on n’a pas non plus peur du Diable (malgré la belle performance de l’acteur). Du coup, malgré l’univers merveilleux et les jolies réflexions, on attend jusqu’à la fin un moment d’émotion pure et un rebondissement dans l’action Ils n’arrivent jamais malheureusement.

Le visuel

L’Imaginarium du Docteur Parnassus est un film visuellement incroyable empreint de poésie, de féerie et d’hallucinations génialissimes. Les vêtements des personnages principaux mélangent les styles bohèmes, gitans, mais aussi habits du 19ème. Les décors sont très particuliers, car bien que l’on soit dans la ville de Londres actuelle, Terry Gilliam a filmé certains endroits comme si l’on était retourné dans le passé. La roulotte de la troupe, toute droit sortie d’un autre temps et d’un autre monde, vaut à elle seule le coup d’œil.



Sa scène dépliable est également ravissante et nous entraîne déjà dans un autre monde.


L’intérieur de la roulotte est également un régal à cause des nombreux objets hétéroclites étalés un peu partout: objets d’un autre siècle, vieilles cartes, tissus colorés et autres babioles.

Les passages féeriques qui apparaissent lorsque quelqu’un traverse le miroir placé sur scène (personnification de l’entrée vers l’imagination de Parnassus) sont clairement inspirés de l’univers de Tim Burton: le clin d’œil est agréable.

CONCLUSION
L’Imaginarium du Docteur Parnassus est un film particulier qui nous entraîne dans un univers merveilleux qui plaira à tous les amateurs de féerie. L’ensemble manque cependant de cohérence et les personnages de profondeur. Selon moi, il est sans aucun doute le premier film féerique (au premier sens du terme) du cinéma.