À la fin des années 50, une révolution agite l’univers du music-hall : le succès phénoménal du rock, dont les jeunes vedettes attirent les foules, tandis que les numéros traditionnels – acrobates, jongleurs, ventriloques – sont jugés démodés. Notre héros, l’illusionniste, ne peut que constater qu’il appartient désormais à une catégorie d’artistes en voie de disparition. Les propositions de contrats se faisant de plus en plus rares, il est contraint de quitter les grandes salles parisiennes et part avec ses colombes et son lapin tenter sa chance à Londres. Mais la situation est la même au Royaume-Uni : il se résigne alors à se produire dans des petits théâtres, des garden-parties, des cafés, puis dans le pub d’un village de la côte ouest de l’Écosse où il rencontre Alice, une jeune fille innocente qui va changer sa vie à jamais.

Après m’être endormie sur Les Triplettes de Belleville, j’ai été joyeusement emportée par la magie de L’Illusionniste, beaucoup plus captivant que le premier film de Chaumet.

Au pays de l’illusion…
Ce vieil illusionniste ne remplit plus les salles de spectacle depuis l’apparition du rock. Même son lapin refuse de travailler. Pourtant, il veut encore y croire et continue ses tours de passe-passe.


Repéré par un Ecossais propriétaire d’un bar dans une bourgade de campagne, voilà notre vieil homme en route vers les vertes collines battues par les vents et la pluie.


C’est en rencontrant la jeune fille chargée du ménage dans la maison que l’illusionniste verra sa vie changer. La trame du film est simple et développe l’amitié entre l’ancienne et la nouvelle génération. Il n’y a presque pas de dialogues ce qui laisse une grande place à la poésie. Malheureusement, il me semble que le film serait difficilement suivi par des enfants. Tous les bouleversements de la société apportés par les années 60 sont mis en avant comme la TV, la consommation des ménages, l’apparition des riches et bien sûr la disparition du music-hall.


Notre héros fait croire à la petite Alice qu’il est un véritable magicien: changement de chaussures, de manteaux, de robes… La jeune fille est au paradis elle qui a toujours vécu dans la misère. Mais le vieil homme a de plus en plus de mal à subvenir aux "caprices" d’Alice. De plus la petite ne pense plus qu’à sortir le soir, aller dans des restaurants chics ou s’acheter des parfums hors de prix.


Le film est teinté d’humour et de tendresse auxquels viennent se mêler poésie et émotion. Malgré quelques longueurs au milieu du film (l’intrigue tourne un peu en rond), Chaumet nous transporte dans un univers magique et enfantin nous rappelant que le monde a besoin d’illusionnistes.

La séquence où le vieil homme entre dans un cinéma qui joue Playtime de Tati m’a semblé fortement déplacée: le film ne se prête pas à ce genre de flatterie. Etant donné, rappelons-le, que le véritable auteur du film est Chaumet et non Tati.


Un conte animé
Dès le début du film, j’ai eu l’impression de regarder un beau livre d’images pour enfants. L’Illusionniste fait penser à tous ces albums jeunesse travaillés qui sortent actuellement en librairie. J’ai retrouvé la poésie visuelle de Kérity ainsi que la douceur du vieux dessin animé La Reine des Neiges. C’est pourquoi, ce film est un véritable conte au sens noble du terme.


On notera un travail remarquable sur les décors notamment, mais aussi les détails d’intérieurs. L’Ecosse nous est présentée dans toute sa splendeur.


La nature est beaucoup mise en avant ajoutant ainsi calme et sérénité à l’ensemble.


CONCLUSION
L’Illusionniste est un film très charmant empreint d’une grande poésie et de beaucoup d’émotions. Espérons qu’il permette aux plus sceptiques de comprendre (enfin!) que l’animation peut AUSSI s’adresser aux adultes.