Écrite à la façon d’un journal non daté, mais renseigné au fur et à mesure par son auteur, la princesse puis la reine Clytemnestre, cette histoire noire de la mythologie est captivante. Elle est de plus l’occasion pour nous de retrouver un des personnages féminins les plus forts et les plus tragiques de la mythologie grecque.
L’écriture à la première personne, au présent, permet au lecteur d’entrer de plain pied dans le récit. Nous retrouvons Clytemnestre le jour de ses noces avec Tantale et nous la quitterons peu avant son meurtre…
Petit rappel : Clytemnestre est princesse de Sparte, fille de Tyndare et de Léda, sœur jumelle mais brune et mal aimée de la très blonde, très belle, très volage et très célèbre Hélène. Mariée en premières noces à Tantale, dont elle aura un fils, elle devra par la suite épouser en « réparation » Agamemnon, roi sanguinaire de Mycènes, frère de Ménélas l’époux d’Hélène, meurtrier de Tantale et de son fils, et surtout héritier d’Atrée, issu donc d’une lignée maudite. Elle aura quatre autres enfants, dont trois sont aussi célèbres qu’elle : Iphigénie, le sacrifice, Électre, l’amour passionnel du père et la vengeance, et Oreste, le fils tant aimé mais matricide qui devra expier pour toute sa famille.
Déconcertante approche au départ pour les familiers de la mythologie grecque et des tragédies qu’elle a inspirées depuis plusieurs millénaires, cette « plongée » au cœur de l’histoire de Clytemnestre se révèle à la fois glaçante et impressionnante – comme toute tragédie se respectant ! Glaçante par la dimension éminemment tragique du personnage… et impressionnante par la densité psychologique apportée par Michèle Drévillon. Une histoire de femme soumise et forte à la fois qui peu à peu choisira de se dresser contre un pouvoir masculin essentiellement destructeur, qui passera du blanc virginal au pourpre de la vengeance et au noir du deuil.


L’appui sur les traces archéologiques de Mycènes, comme la porte des lionnes ou le fameux « trésor d’Agamemnon » par exemple, contribue à appuyer et enrichir le récit.

À noter une première de couverture saisissante de symbolisme et résumant à merveille l’extraordinaire destin de Clytemnestre. Et un dossier au contenu pédagogique clair et affuté.