Dans les salles le 30 novembre, Kidnappés est un thriller horrifique espagnol. Le titre français annonce assez mal la couleur puisque Secuestrados ne parle pas d’un enlèvement mais d’une réclusion, celle que subissent les trois membres d’une famille madrilène entre les murs de leur luxueuse villa, à peine ouverts les cartons de déménagement. La nuit tombée, les lieux sont investis par trois salopards cagoulés qui ligotent mère et fille avant d’exiger du père qu’il aille vider ses comptes en banque. Pour les malfrats, qui n’en sont pas à leur premier coup, tout est censé se passer comme sur des roulettes, mais deux ou trois visiteurs imprévus vont venir sonner à la porte et mettre des grains de sable dans l’engrenage. Peu à peu, la situation échappe aux criminels, tension et violence vont aller crescendo…
L’histoire est passablement ennuyeuse et aligne des scènes qu’on a déjà vues ailleurs, dans n’importe quel métrage relatant une affaire d’intrusion (et il y en a beaucoup, notamment dans le cinéma américain — Otages ou Panic Room en sont des exemples récents). Le but du réalisateur et co-scénariste Miguel Ángel Vivas n’était à l’évidence pas de surprendre les spectateurs en racontant quelque chose d’original, mais plutôt — c’est ainsi que je l’ai vécu en voyant le film — en les endormant avec un récit linéaire pour les réveiller d’un coup, en fin de course, au moyen d’une avalanche de violence qu’on n’attendait pas. La dernière bobine renferme des scènes d’une grande cruauté, pour aboutir à un dénouement qui laisse presque en état de choc. Quand même, tout ça pour ça… Les ambitions du señor Vivas ne sont guère reluisantes, d’autant que le scénario se permet un sous–texte xénophobe en collant au trio de criminels des origines albanaises. Extrapolez un peu, et vous voilà le nez dans une propagande nauséabonde visant à assimiler les immigrés d’Europe de l’Est à des envahisseurs prêts à vous tabasser, à piquer votre blé et violer vos filles… Inutile de disserter davantage, Kidnappés n’est pas, loin s’en faut, la sortie ciné incontournable du mois.