Résumé :

Voilà quelques années que Rick Hoffman a renoncé à ses modèles (Carl Bernstein  et Bob Woodward (le célèbre Watergate) et au « vrai » journalisme pour un pont d’or que lui a offert un magazine people haut de gamme de Boston : un poste de directeur de la direction avec salaire et notes de frais faramineuses.

Aujourd’hui, l’investisseur local qui l’a débauché, victime de ses mauvais placements, n’a pas d’autre choix que de réduire le train de croisière de son magazine et Rick perd son poste somptueux pour redevenir simple pigiste.

La situation ne fait pas le bonheur de sa fiancée Holly.

Bon an mal an, il finit par se séparer d’avec la mannequin, qui garde leur superbe appartement.

Sans le sous,  sans toit au dessus de sa tête, acculé, Rick retrouve le chemin de la maison de son père.

La demeure, laissée à l’abandon depuis que Léonard Hoffman a été victime d’un accident vasculaire, est gardée par Jeff Hollenbeck, un voisin, qui surprend Rick qu’il a pris pour un squatteur.

Remis de leur méprise, Jeff, qui ignore la véritable situation de Rick et qui est devenu entrepreneur en bâtiment, lui propose de rénover la maison pour enfin parvenir à la vendre.

La visite du futur chantier prend une tournure inattendue lorsque, croyant débusquer des écureuils derrière une cloison, Rick découvre trois millions et demi de dollars.

Le journaliste parvient à éconduire son visiteur qu’il pense ne pas être tout à fait dupe ; subsistent bien d’autres questions… A qui est cet argent « tombé du ciel » ? A vouloir en profiter Rick ne risque-t-il pas de s’attirer de gros ennuis ?

Notre avis :

Il y a de cela quelques années, jury pour un prix littéraire, j’avais découvert Joseph Finder au travers son roman Power play : un excellent thriller financier (on citera à titre d’exemple du genre La firme de John Grisham et Le couperet de Donald Westlake) mettant en scène des preneurs d’otages professionnels. Ancien officier de liaison proche de la C.I.A, l’auteur avait débuté sa carrière « fort logiquement » dans le roman d’espionnage.

C’est donc plutôt confiant que j’ai entrepris la lecture de  Jour de chance  (The fixer en VO) de Joseph Finder, l’auteur de La trahison aux deux visages  (adapté par Carl Franklin au cinéma :  Crimes et pouvoir  avec Morgan Freeman et Ashley Judd).

Le catalogue de la collection thriller de Bragelonne assurément s’étoffe encore avec l’œuvre de ce « vétéran ».

Par ses choix innovants et originaux,  la maison d’édition a démontré brillamment avec ses publications  cette année que le thriller est un genre beaucoup plus large que l’archétype qu’il semble être devenu pour beaucoup (enquête policière, tueur en série diabolique et chapitrage nerveux) : on citera en vrac Au-delà des apparences de Roy Johansen, Block 46 de Johanna Gustawsson et Projet Athéna de Brad Thor sorti en juin, dont nous vous reparlerons prochainement.

L’intrigue, captivante dès les premières pages, apparaît au final relativement simple mais n’en reste pas moins très efficace car brillamment maitrisée.

Si on la suit avec un véritable intérêt, c’est sans aucun doute à cause, d’abord, de son point de départ fantasmatique (qui n’a jamais rêvé de trouver un trésor dans sa maison et imaginé ce qu’il pourrait faire de cette somme pharaonique ?) et ensuite à cause du personnage de Rick Hoffman auquel on s’attache un peu plus à chaque chapitre.

Ses mésaventures sont l’occasion pour lui d’une profonde remise en cause personnelle, et celle-ci conduit le lecteur à s’interroger lui-même sur ses réactions dans une situation similaire.

La vie superficielle de Rick, emplie de certitudes, va continuer d’être bouleversée par l’attrait que vont exercer les millions qu’il va trouver dans la demeure de son père.

Tenté d’en profiter, il va devoir revoir très vite son envie première : l’attitude de ses connaissances va se trouver changée par sa « bonne fortune » ; il y a aussi les menaces physiques plus concrètes que vont exercer sur lui de mystérieux kidnappeurs.

Rick Hoffman va commettre, on l’a déjà dit, un certain nombre d’erreurs, avant de trouver « le bon chemin » : la recherche des origines de ce « magot » va se révéler une rédemption pour lui à différents points de vue : le fils va voir sous un jour nouveau son père, et surtout mener une véritable enquête qui va le ramener 20 ans plus tôt à traiter des événements qui se sont déroulés autour de la réalisation à Boston du projet autoroutier souterrain du « Big Dig ».

Le récit est parfaitement bien construit, l’action est savamment distillée, sans exagération, et encore une fois il est impossible de ne pas s’attacher à Rick Hoffman, non plus que d’éprouver une certaine émotion à le voir au fil des pages dépasser les obstacles qui vont se dresser devant lui.

Un roman très plaisant à lire.

N’hésitez pas à vous procurer Jour de chance  de Joseph Finder aux éditions Bragelonne et à le découvrir durant vos vacances !