Elle vous est venue comment, cette histoire de moutons mutants ?
Comme ça, tout d’un coup, une sorte de flash. Il y a tellement de moutons chez nous, en Nouvelle-Zélande, que l’idée a dû s’imposer d’elle-même ! Je me suis dit qu’un animal aussi doux qui aurait soudain un comportement hyper-agressif serait à même de produire un effet saisissant partout dans le monde, quel que soit le public auquel le film est projeté.

Vous ne lésinez ni sur le gore ni sur l’humour potache. Vous êtes-vous fixé des limites quant à ce que vous pouviez montrer ?
Non, au contraire ! Je voulais que les spectateurs s’exclament en leur for intérieur: « Oh non, ils ne vont quand même pas oser !? », pour ensuite leur balancer les situations les plus extrêmes qui soient. Si j’ai été bridé par quelque chose, c’est uniquement par les contraintes de temps et d’argent, qui nous ont obligés à tourner à un rythme soutenu. Toutes les scènes gore, par exemple, ont dû être mises en boîte très rapidement.

C’est Weta Workshop, la société de votre célèbre compatriote Peter Jackson, qui a réalisé les effets spéciaux. Cela a-t-il été facile de les amener à travailler sur le projet ?
J’ai eu beaucoup de chance ! Je leur ai donné le script et ils ont été immédiatement séduits. À l’époque, ils étaient en plein tournage de King Kong, et ils avaient un boulot énorme. Ils ont quand même accepté de bosser en plus sur mon film, ce qui a été très généreux de leur part.

Qu’est-ce qui a orienté vos choix en matière d’effets spéciaux ?
Le budget. On s’est vite rendu compte qu’on ne pouvait pas s’offrir le luxe du numérique, et que la plupart des effets devraient être réalisés sur le plateau. Mais ce n’est pas plus mal car, ainsi, on a échappé au rendu lisse de certains trucages numériques. Black Sheep s’inscrit dans la lignée des films de monstre « à l’ancienne », et c’est aussi ce qui a motivé les gens de Weta, qui n’ont pas souvent l’occasion de travailler comme ça.

Les transformations d’humains en moutons-garous font penser à celles du Loup-Garou de Londres de John Landis. Était-ce volontaire ?
Oui, et j’ai revisionné le film de Landis un peu avant de tourner. Le Loup-Garou de Londres date de 1980, et personne n’a fait mieux depuis en matière de transformation « live » à l’écran. On en revient à ce que j’ai dit à propos de la froideur du numérique. Dans Le Loup-Garou… comme dans Black Sheep, tout ce que vous voyez a été tourné devant la caméra, et le résultat final implique vraiment le spectateur. C’est tout le contraire de films comme Cursed (Wes Craven, 2005), où le choix de tout représenter par le numérique a un effet désastreux sur la crédibilité des scènes.

Est-ce que Black Sheep reflète vos craintes quant aux manipulations génétiques ?
Pas forcément. Le film se fait l’écho d’une certaine inquiétude, mais je n’ai pas d’avis tranché sur la question. J’imagine que, grâce à ce type d’expérimentations, on trouvera peut-être des traitements contre telle ou telle maladie ou affection. Dans le film, je tourne en dérision aussi bien les généticiens que les militants anti-OGM purs et durs. Je ne prends pas clairement position pour l’un ou l’autre camp.

Black Sheep est votre premier long métrage. Avez-vous des projets pour un second film ?
Non, rien de précis, mais j’aimerais beaucoup tourner un « vrai » film d’horreur, choquant et flippant, ce que n’est pas Black Sheep puisqu’il s’agit avant tout d’une comédie.

Une phrase pour résumer Black Sheep ?
Il y a 40 millions de moutons en Nouvelle-Zélande, et ils ont les nerfs (rires) !

Remerciements à Alexis Delage-Toriel